Les techniques de composition d’Hans Zimmer: analyse de « Time »

inception

Composée par Hans Zimmer, la chanson Time est la bande originale du film Inception. Quels sont les secrets se cachant derrière cette oeuvre? Quelles ont été les techniques de composition utilisées par Zimmer? Et de façon générale, quels sont les procédés utilisés par cet immense compositeur? Découvrez-le dans la suite de l’article.

 

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Introduction

Dans ce post, nous allons analyser ensemble la bande originale du film Inception: «Time» de Hans Zimmer. En plus d’en connaître un peu plus sur cette œuvre majeure, cet article a pour but de vous exposer quelques-unes des techniques de composition de Zimmer: un artiste aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands compositeurs de musique de films. Nous verrons ce qui fait sa force, son style, et ce qui permet à ses compositions d’être aussi grandioses. En d’autres termes, nous allons entrer dans sa tête (nous allons lui faire une inception ^^), afin de percer à jour tous ses secrets. Enfin, nous profiterons de cette occasion pour dégager quelques grands principes de composition de musique de films.

Alors certes, l’article est très long, mais je vous conseille de bien le lire jusqu’au bout, car voilà ce que vous allez y apprendre:

  • Comment traduire une idée ou une émotion en musique
  • Deux ingrédients pour rendre votre mélodie plus efficace et dynamique
  • Une technique ninja pour hypnotiser vos auditeurs et rendre votre composition envoûtante
  • Un moyen sûr de casser la monotonie de votre composition
  • Quelques grands principes d’orchestration
  • Et bien entendu, le secret derrière le succès des compositions d’Hans Zimmer

zimmer-hansHans Zimmer approuve ce programme

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I / Présentation de l’œuvre

1) L’auteur: «Monsieur Hans Zimmer»

Même si je pense que vous le connaissez déjà (ou du moins par l’intermédiaire de ses œuvres), voici une rapide présentation du bonhomme:

  • Hans Zimmer est un compositeur né allemand et naturalisé américain. À 3 ans, il s’essaye au piano mais n’y adhère pas vraiment. Il laisse donc tomber, n’étudie pas le solfège, et apprend la musique en pur autodidacte. Dans les années 1970, vers 25 ans, il s’intéresse à la musique électronique alors naissante, et intègre le groupe The Buggles, mondialement connu pour son titre Video Killed The Radio Star. Oui oui, cette chanson c’est bien lui. Vous pouvez d’ailleurs l’apercevoir dans le clip de ladite chanson vers 2’30’’. (C’est le mec habillé en noir qui se tient derrière le piano).

  • Il commence ensuite sa carrière de compositeur de musique de films en tant qu’assistant. Après 18 OST en tant que co-compositeur, il commence à se faire repérer du grand public grâce à la bande originale du film Rain Man qui sera nominée aux Oscars.
  • Après ça, c’est l’ascension. Mister Zimmer devient très convoité et travaille avec de plus en plus de réalisateurs majeurs. Il accumule alors les récompenses: Oscars, Grammy Awards, Golden Globe, tout y passe.
  • A ce jour, il compte plus de 150 bandes originales à son actif rien que pour le cinéma. Ajoutez à cela les productions qu’il a signées pour la TV et le jeu vidéo, et vous comprendrez pourquoi il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands compositeurs de sa génération.

2) La chanson: Time

Si vous ne connaissez pas Time, je ne vous en veux pas, mais pas loin. 😉 Voici une chance de vous rattraper rapidement:

Cette musique est la composition phare du film Inception sorti en 2010. Sur ce projet, Hans Zimmer a travaillé avec le réalisateur Christopher Nolan. Et c’est déjà leur troisième collaboration après Batman Begins et The Dark Kight.

Pour ceux qui n’auraient pas encore vu Inception, en voici rapidement le synopsis. (C’est important de connaitre le contexte scénaristique de l’œuvre. Ça vous aidera à mieux comprendre les choix artistiques d’Hans Zimmer pour la composition de sa bande son).

«Dom Cobb est un voleur expérimenté, le meilleur qui soit dans son domaine :l’extraction. Sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’une personne en les tirant de son subconscient pendant qu’elle rêve.

Alors qu’il est recherché par la police américaine, on lui offre une chance de retrouver son ancienne vie en échange d’un travail considéré comme impossible: l’inception. À l’inverse de l’extraction, il s’agit de l’implantation d’une idée étrangère dans le subconscient d’un sujet qui la considérera à son réveil comme étant l’une des siennes… »

Voici également la bande annonce du film :

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II / L’intention artistique

1) Qu’est-ce que l’intention artistique?

Quand on a pour mission d’habiller un film musicalement, il y a quelque chose de particulièrement important à maîtriser: l’intention artistique.

Qu’est-ce que l’intention artistique? Il s’agit tout simplement des choix de l’artiste. Ce sont toutes les décisions esthétiques et conceptuelles qu’il aura à prendre en fonction de la thématique qui lui est imposée. Pour le dire plus simplement, c’est sa patte. C’est ce qu’il va apporter personnellement à l’œuvre audiovisuelle.

2) L’intention artistique de Nolan

Dans le cadre d’une musique de film, l’intention artistique n’est pas propre au compositeur. Le réalisateur peut également avoir son mot à dire sur l’orientation artistique de la chanson à composer. Christopher Nolan a ainsi souhaité qu’Hans Zimmer utilise d’une manière ou d’une autre la chanson Non, je ne regrette rien d’Edith Piaf pour composer son OST. (Pour les non-initiés, OST c’est l’acronyme « d’Original Soundtrack » pour « bande son originale »).

Hans Zimmer a donc réutilisé certains passages de Non, je ne regrette rien dans sa composition. Il a d’ailleurs révélé que toute la bande originale du film était basée sur cette chanson. Selon ses propres termes, toute la musique de la bande-son est faite de subdivisions et de multiplications du tempo de la chanson d’Édith Piaf.

3) L’intention artistique de Zimmer

Maintenant, quelle a été l’intention artistique d’Hans Zimmer? Quelles ont été ses volontés à lui pour composer Time? Pour le comprendre, il faut avant tout remettre la  composition dans son contexte. En effet, puisqu’il s’agit d’une musique de film, il faut avant tout savoir ce que le film raconte pour comprendre les intentions de Zimmer.

C’est là toute la différence avec une composition «libre». Car dans une composition libre, vous pouvez exprimer absolument tout ce que vous voulez, et de la façon dont vous le voulez. Mais puisqu’une bande originale a pour but d’habiller un film, elle a déjà un cadre préétabli. Le compositeur devra donc forcément s’en inspirer pour créer son œuvre. En d’autres termes, les intentions artistiques d’Hans Zimmer vont prendre racine dans le scénario d’Inception.

Ce film est lié à la thématique du rêve. Zimmer a donc voulu retranscrire l’ensemble de cet univers au sein de sa composition. C’est ça son intention artistique: évoquer le rêve et susciter l’émotion. On retrouve d’ailleurs ces intentions tout au long de la chanson. Par exemple, dans la légèreté de la mélodie composée (que nous analyserons plus tard), ou encore dans l’utilisation systématique de la reverb (c’est-à-dire de l’effet d’écho sur les instruments).

4) Comment exploiter cette notion d’intention artistique dans vos compositions?

Comme nous l’avons vu, la notion d’intention artistique est capitale pour les musiques à l’image, afin que la chanson puisse convenablement soutenir le propos de la production audiovisuelle. (Voir même le sublimer).

Mais qu’en est-il des compositions libres? Car à la maison, vous n’avez aucune contrainte à respecter. Votre composition n’a pas à servir le propos d’un réalisateur. Alors à quoi bon lui définir un cadre?

Eh bien il peut être intéressant de faire tout ce travail d’intellectualisation au préalable, car vous arriverez ainsi plus facilement à vos fins. En effet, en définissant clairement vos intentions artistiques dès le départ, vous obtiendrez un fil rouge à exploiter durant toute la durée de votre processus de composition. Il vous sera alors plus facile de faire des choix entre plusieurs idées de développement musical, entre plusieurs grilles d’accords, entre plusieurs idées de mélodies etc…

Pensez-y pour la prochaine fois! Cette simple astuce vous aidera grandement à développer vos chansons en intégralité.

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III / Analyse harmonique

Dans le cas de Time, la grille harmonique est très simple:

La Mineur / Mi Mineur / Sol Majeur / Ré Majeur

Et c’est tout! Ces quatre accords seront grosso modo répétés tout au long de la chanson. Notons que l’on est en présence d’une alternance entre deux accords mineurs et deux accords majeurs. C’est très bien joué de la part d’Hans Zimmer qui nous fait vraiment hésiter quant à l’émotion ressentie. Ce n’est ni purement joyeux (majeur) ni purement triste (mineur).

Autre chose intéressante, cette suite d’accords peut revêtir deux tonalités différentes. On est entre du Mi mineur et du Sol Majeur :

schema-tonalite-time

Ce qui a pour effet de rendre flou le centre tonal de la composition. On ne peut pas établir de tonalité définitive. Hans Zimmer ajoute ainsi encore plus d’ambiguïté quant au sentiment ressenti à l’écoute de sa compo. (Pour être tout à fait juste dans cette analyse, il convient de signaler que nous sommes en fait ici en présence d’un mode dorien. Nous aurons l’occasion de revenir sur cette notion de mode dans un prochain article). Ce choix musical est encore une fois logique par rapport au scénario du film. Car les scènes habillées par le thème de Time sont plutôt émotionnellement tristes, alors que la conclusion du film (où la compo est vraiment entièrement exposée) reflète quant à elle une émotion positive.

Que peut-on retenir de tout ceci? Tout d’abord qu’il faut toujours que votre composition soit en accord avec vos intentions artistiques. Le choix de vos accords ne doit pas être anodin: il doit refléter l’émotion que vous souhaitez transmettre. Ensuite, qu’il est très facile de mettre en place un sentiment d’ambiguïté au sein d’une chanson. Pour cela, utilisez des accords  appartenant simultanément à plusieurs tonalités, et alternez entre accords majeurs et mineurs. Et quand faut-il amener de l’ambigüité dans ses compostions? Tout simplement lorsque vous souhaitez exprimer un sentiment complexe, ou créer une atmosphère mystérieuse. Il peut également être intéressant d’utiliser cette technique pour composer des sections musicales telles que le pont. Car le pont est par définition une section plus propice aux changements et aux expérimentations. Pour plus d’informations sur ce sujet, je vous invite grandement à consulter mon article «La structure d’une chanson».


IV / Analyse mélodique

1) Analyse de la mélodie

Passons à la mélodie! La voici:

melodie-time

A l’image des accords, cette dernière est aussi extrêmement épurée. La mélodie est dépourvue d’ornements et suit simplement la grille harmonique.

Il est également intéressant de noter que la mélodie est entièrement construite en piochant des notes de l’accord. Par exemple, la première note de la mélodie est un Do, elle est issue de l’accord de La m (La, Do, Mi), qui est joué en même temps. Par contre, aucune des notes de la mélodie ne correspond à la tonique de l’accord (c’est-à-dire à sa première note). Ce choix n’est pas anodin: cette technique permet en effet d’accentuer encore plus la sensation d’ambiguïté quant à la tonalité du morceau.

On remarque aussi que la mélodie est un pattern de quatre notes qui se répètent. (Il y a juste un petit changement avec le Sol qui devient Si à la sixième mesure). Ceci est une excellente illustration de la technique de variation / répétition que je vous avais déjà présentée au sein de son article «Les 5 secrets d’une mélodie réussie».

Enfin, en suivant l’articulation de la mélodie, on se rend compte qu’il ne s’agit que d’une succession de mouvements ascendants. Je dirai même plus: il ne s’agit que d’une succession de quintes ascendantes (en jaune) et de septièmes ascendantes (en rouge).

intervalles-melodie

Utiliser des intervalles ascendants permet d’insuffler davantage d’énergie à votre composition. Vous allez vers le haut, donc c’est plus dynamique (logique). Et les intervalles de quintes et de septièmes sont justement les plus efficaces pour renforcer la sensation de grandeur et de plénitude. Essayez au sein de vos compositions et vous verrez. Effet garanti!

2) La simplicité, le secret de Hans Zimmer

Toute cette simplicité est déconcertante pour une œuvre aussi puissante que Time, vous ne trouvez pas? La grille harmonique et la mélodie sont très épurées et pourtant, elles fonctionnent parfaitement. Pourquoi? Eh bien justement, c’est grâce à  cette simplicité.

Attention toutefois: si la grille harmonique et la mélodie peuvent sembler très simples, elles ne sont pas simplistes pour autant. Soyons clairs, je fais une très nette différence entre simplicité et simplisme.

  • La simplicité pourrait se définir comme le caractère d’une chose qui exprime tout ce qu’elle a à exprimer, mais dans une forme la plus épurée possible. Tout est dit, avec le moins d’ornements possibles. Le reste n’est que superflu. Quand j’explique ce concept de simplicité, j’ai pour habitude de citer Miles Davis qui nous le résume parfaitement bien en une seule phrase:

“Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit simplement de jouer les meilleures?”

  • Le simplisme au contraire, c’est le caractère d’une chose trop simple. C’est une œuvre dans laquelle il manque des choses. Tout n’a pas été dit. L’œuvre omet quelque chose de primordial dans ce qu’elle exprime, ce qui affadit sensiblement son propos.

Si on écoute d’autres thèmes d’Hans Zimmer (Je pense entre autres à The Dark Knight, Interstellar, The Da Vinci Code, ou plus récemment The Crown), on remarque aussi cette forme récurrente de simplicité au niveau de la grille d’accords et de la mélodie. Cette approche est directement issue du mouvement minimaliste. Et soyons clair, c’est une recette qui fonctionne très bien, car la simplicité de l’œuvre lui permet d’être accessible au plus grand nombre (et c’est bien là le but d’un blockbuster).

À ce propos, voici quelques questions à vous poser si vous souhaitez apporter de la simplicité à vos compositions, sans pour autant tomber dans le simplisme.

  • Demandez-vous si l’effet / l’ornement / la variation / ou la «complication» géniale que vous venez de trouver apporte réellement quelque chose à votre musique. Est-ce qu’il y a une vraie valeur ajoutée ? Si non, zappez l’idée. Si oui, passez au point suivant:
  • Quelle est l’essence de cette nouvelle idée? Qu’est ce qui fait qu’elle fonctionne? Essayez d’en garder uniquement l’élément central et supprimez le reste.
  • Regardez maintenant votre œuvre musicale dans son ensemble. Qu’est-ce que ça change si vous simplifiez tel ou tel un élément musical? Par exemple, si vous retirez cet arpège, cette nappe supplémentaire, ou ce coup de cymbale… La compo s’en trouve-t-elle dénaturée pour autant? Essayez de passer en revue tous les éléments qui composent votre chanson avec cette approche (accords, mélodie, rythme, orchestration etc…).

inception-leo

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V / L’ostinato

1) Qu’est-ce que l’ostinato?

L’ostinato, c’est une technique de composition musicale consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique. Cette formule est généralement courte, et s’étend tout au long du morceau. Pour le dire autrement, dès que vous avez une certaine forme de répétition au sein de votre morceau, vous êtes en présence d’un ostinato. C’est finalement assez similaire à la notion de «hook» que je vous avais déjà présentée au sein de l’article «Rendez vos chansons inoubliables grâce au hook».

2) Les ostinatos au sein de Time

Concentrons-nous maintenant sur les différentes formes d’ostinato se cachant dans Time.

  • Tout d’abord, il y a un ostinato au niveau de la grille harmonique. Il y a en effet les quatre mêmes accords qui se répètent tout au long de la chanson.
  • Ensuite, il y a un ostinato au niveau de la mélodie. Car comme nous l’avons vu, la mélodie est formée d’un pattern de quatre notes qui se répètent.
  • Il y a également un ostinato rythmique au niveau des percussions puisque ces dernières jouent uniquement à la croche
  • Et enfin, à partir de la deuxième minute de la chanson, il y a un motif arpégé à la guitare qui se répète

Toutes ces répétitions prenant la forme d’ostinatos superposés, ont pour effet de d’apporter à la chanson une dimension hypnotique. Si on est autant captivé en l’écoutant, ce n’est pas pour rien: c’est justement grâce à tous ces éléments cachés qui agissent directement sur notre subconscient. (Quel fourbe ce Zimmer…). Ce procédé est très courant en composition (en particulier dans l’électro et le trip hop), et permet à la chanson de nous toucher plus profondément. La chanson s’adresse en effet directement à notre inconscient, ce qui la rend plus envoûtante et mémorable. (D’ailleurs, les techniques d’hypnose reposent exactement sur le même principe).

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VI / L’orchestration

1) L’équilibre entre simplicité et complexité

Il est très difficile de parler de la musique d’Hans Zimmer sans faire allusion à son travail magistral d’orchestration. C’est sa plus grande force.  C’est d’ailleurs cette orchestration si importante qui justifie cette ultra simplicité dans l’écriture harmonique, mélodique, et rythmique de ses musiques.

Je souhaite vraiment attirer votre attention sur ce concept d’équilibre entre simplicité et complexité. C’est un schéma que l’on peut retrouver dans beaucoup de genres. Par exemple chez Chopin qui n’utilise dans ses études qu’un piano seul comme matière musicale, et nous décoche des phrasés monumentaux d’une grande virtuosité, ou bien chez Meshuggah pour qui le groove djent est si déstabilisant, qu’il ne suffit que d’un riff réduit à 2 ou 3 notes pour le souligner. Ou même encore dans le rock, où la distorsion des guitares enrichit tellement le timbre, que les accords s’en trouvent à être réduits à de simples simples power chords (un power chords étant un accord auquel on a retiré la tierce).

Lorsque vous écrivez une chanson, essayez également de respecter ce principe. Par exemple, si vous venez de trouver une suite d’accords très élaborée (pleine d’arpèges, de variations etc…) contrebalancez là avec une mélodie simple (notes tenues). Si vous décidez de caler un solo de guitare au milieu de votre morceau, faites en sorte que les autres instruments jouent quelque chose de simple etc. Votre composition doit absolument respecter cette notion du yin et du yang pour être homogène.

2) La structure orchestrale

Maintenant, intéressons-nous à l’orchestration de Time à proprement parler. Je vous propose de lire cette section en écoutant la musique en même temps, histoire de bien comprendre ce qui y est développé.

Intro

Description : L’intro donne l’impression que la pièce commence avec un piano seul. Alors qu’en fait, ce piano est déjà accompagné d’une basse (très basse) qui pulse doucement à la croche et d’un pad/soundscape très discret qui fait écho au piano. Tous ces choix ne sont pas anodins: le piano est l’instrument romantique par excellence, ce qui renvoie à la chanson «Je ne regrette rien», et la basse et le pad sonnent de façon très légère de manière à accentuer la thématique du rêve.
Ce que vous pouvez en retirer: On retrouve une nouvelle fois ici les intentions artistiques de Zimmer au sein de son orchestration. Pour réussir votre orchestration, faites donc bien attention au choix de vos instruments. Ces derniers doivent pouvoir communiquer efficacement vos intentions artistiques.

30 secondes

Description: Après 30 secondes d’une simple exposition du thème, Hans Zimmer continue de le répéter jusqu’à la première minute avec des cordes qui doublent à l’unisson le thème principal. On note également l’apparition en fond d’une pulsation rythmique dans les graves qui accompagne la basse.
Ce que vous pouvez en retirer: Ici, Zimmer fait entrer les instruments progressivement. Cette technique est un classique en composition, car elle permet de casser la monotonie d’un motif répété. On retrouve souvent cette technique en électro: une boucle est jouée, mais l’oreille ne se lasse pas car cette dernière est enrichie au fur et à mesure par de nouveaux instruments.

1 minute 01

Description: A partir de là, tout va peu à peu s’accentuer en volume et en timbre. Les violoncelles et les cors entrent doucement pour donner plus de corps à l’harmonie. Les violons I entrent aussi pour doubler les altos à l’octave et renforcer le thème principal, ce qui procure une sensation de puissance.
Ce que vous pouvez en retirer: Si vous souhaitez apporter plus de puissance à votre composition, n’hésitez pas à utiliser cette technique: doublez le thème joué à l’octave (que ce soit avec le même instrument ou un autre).

1 minute 31

Description: Tout s’intensifie progressivement. On monte encore d’un cran dans l’émotion. La dynamique passe vers mezzo-piano ou mezzo-forte. Les violons II jouent une contre-mélodie discrète en noires pour dynamiser un peu le rythme.
Ce que vous pouvez en retirer: Le travail des nuances est très important dans l’orchestration. Jouer la même mélodie de plus en plus forte peut suffire pour faire monter la composition en intensité.

2 minutes 03

Description: Les perçus rythmiques s’assument enfin et introduisent le passage. Une guitare électrique un peu crunchy et lointaine s’introduit et joue un arpège. Cet arpège a pour avantage de dynamiser rythmiquement la musique qui n’était presque qu’une succession d’accords plaqués jusqu’alors. Les cors prennent maintenant un peu plus de place et s’articulent plus puissamment.
Ce que vous pouvez en retirer: Jouer une grille harmonique d’une manière différente (par exemple en arpèges) est un bon moyen d’apporter de la diversité à sa composition.

2 minutes 33

Description: On y est. L’intensité commence à se faire sentir. Les cors ne sont plus les seuls cuivres, des trombones rythment la marche en stac. Les cordes sont encore plus intenses, l’articulation s’approfondit. Et l’orchestration s’élargit encore.
Ce que vous pouvez en retirer: Plus vous ajoutez d’instruments à votre morceau, et plus vous en accentuez l’intensité. Vos passages les plus intenses doivent donc être ceux qui contiennent le plus d’instruments.

3 minutes 03

Description: Rien ne change mais ça monte encore ! Toujours plus intense. Toujours plus profond. Plus d’instruments vers les aigus et vers le forte. Les cors se lâchent et complètent le thème avec une espèce de mélodie sur les temps faibles. On atteint le climax de l’œuvre. Le point culminant de l’intensité.
Ce que vous pouvez en retirer: Il est très important de définir un point culminant dans votre chanson. Non seulement ça vous aidera à communiquer davantage d’émotions, mais ça rendra également votre composition plus mémorable (de la même manière que vous vous souviendrez mieux d’un film si une de ses scènes vous a marqué). Comment créer un point culminant dans sa chanson? Je vous donne de nombreuses pistes pour y arriver dans mon article «Rendre son refrain mémorable: mode d’emploi».

3 minutes 33

Description: Et d’un coup… ça s’efface. Quelques notes de la mesure précédente tardent à s’éteindre et nous offrent ainsi une transition douce. On se retrouve à l’essentiel de la musique, cette basse qui pulse, ce piano esseulé et ces violons qui respirent. La boucle est bouclée.
Ce que vous pouvez en retirer: On retrouve une nouvelle fois la notion d’équilibre entre simplicité et complexité. Le yin et le yang. Après les passages intenses, les passages épurés.

4 minutes 03

Description: Il ne reste plus que le piano enrobé dans une reverb un peu flottante. Le tout s’estompe au fur et à mesure pour se conclure sur une note finale à 4’33.
Ce que vous pouvez en retirer: C’est la fin de la chanson. 🙂

Conclusion

A travers cette orchestration, on se rend compte que la structure de Time est en crescendo: la chanson monte en intensité au fur et à mesure. Mais puisque la chanson en elle-même est simple et répétitive, tout ce travail de montée en puissance se fait par l’intermédiaire de l’orchestration.

L’orchestration constitue donc une seconde manière de s’exprimer musicalement, et c’est là où se situe toute la force d’Hans Zimmer.

Toutes les techniques que nous avons vues ici peuvent déjà vous aider à bien débuter votre travail d’orchestration. Mais si vous voulez en apprendre plus sur le sujet, je vous conseille l’excellent livre « Principles of Orchestration » de Rimsky-Korsakov (attention, c’est en anglais). Vous pouvez également aller jeter un œil à mon tutoriel vidéo: «Orchestrer son morceau».

zimmer-studio

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Le récap’ en bref !

Pour terminer en beauté cet article, je vous propose un rapide résumé de toutes les techniques que nous avons vues, et qui ont été utilisées par Hans Zimmer pour composer Time. Bien entendu, je vous encourage plus que chaudement à réutiliser ces techniques au sein de vos propres compositions.

  • Il peut être intéressant de définir vos intentions artistiques avant même de composer votre chanson. Définissez vos objectifs en termes de composition: que souhaitez-vous exprimer à travers votre chanson? Ce travail vous aidera à obtenir le fil rouge de votre composition.
  • Pour instaurer un sentiment d’ambigüité, créez une grille harmonique composée d’accords provenant simultanément de plusieurs tonalités. Vous pouvez également alterner entre accords majeurs et mineurs.
  • Pour composer une mélodie, utilisez des notes issues des accords d’accompagnement. Usez également de répétitions (motif de plusieurs notes qui se répètent) pour en favoriser la mémorisation. Enfin, pour créer une mélodie entraînante, faites en sorte que les intervalles qui la composent soient ascendants. (Et au contraire, si vous souhaitez composer une mélodie triste, privilégiez les mouvements descendants).
  • Pensez simplicité pour décupler l’impact de vos compositions. Essayez de réduire les éléments qui composent votre chanson (mélodie, accords, orchestration) à leur strict minimum. Dégagez simplement l’essentiel de votre composition.
  • Si vous voulez captiver votre audience, hypnotisez-les en utilisant des ostinatos au sein de votre chanson. Ces ostinatos peuvent être harmoniques, mélodiques, ou rythmiques.
  • Lorsque vous composez, gardez à l’esprit la notion d’équilibre entre complexité et simplicité. Si vous composez quelque chose de complexe, contrebalancez-le par quelque chose de plus simple. Si vous composez une section intense, enchaînez-la avec une section plus calme pour en souligner encore plus l’effet.
  • Prenez un soin particulier pour choisir les instruments de votre orchestration. Ces derniers doivent véhiculer vos intentions artistiques de façon optimale.
  • Pour casser la monotonie d’une de vos compositions, n’hésitez pas à faire entrer plusieurs instruments au fur et à mesure. Vous pouvez également jouer une section musicale d’une autre manière. Par exemple, au lieu de faire des accords plaqués, faites des arpèges.
  • Pour faire monter votre composition en intensité, vous pouvez: doubler l’un de vos thèmes à l’octave, jouer sur les nuances, ou augmenter le nombre d’instruments.
  • Enfin, construisez vos compositions de manière à ce qu’elles atteignent un point culminant.

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Et voilà pour cette analyse ! Alors bien sûr je n’ai pas la science infuse. J’ai tenté de me projeter au mieux dans l’esprit de Zimmer, mais je sais pertinemment qu’il reste encore plein de choses à dire sur son œuvre. Alors, auriez-vous des idées à ajouter? Quel est votre avis sur cette composition? Cet article vous a-t-il plu? Dites-moi tout dans les commentaires !

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Et pour découvrir d’autres secrets de composition…

Vous avez ma méthode « Composer sa Chanson de A à Z ». 231 pages vous expliquant de A à Z et étape par étape, le processus de composition d’une chanson. Et apparemment, il paraîtrait que ce serait le livre de chevet de Léonardo Di Caprio et Hans Zimmer eux-mêmes (à moins que ce ne soit qu’un rêve ?). 🙂

Composer sa chanson de A à Z


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41 commentaires


  • Aluviio

    Quel article de qualité! Merci pour cette superbe analyse Clément et Alex !

    Répondre

  • lecomte pierre

    alex dans l’analyse de la melodie  » time  » de Zimmer tu nous fais remarquer l’emploi de quintes justes en effet elles se situent 1-2, 3-4, 7-8 mesure par contre l’octave juste de la 5-6 mesure
    note do – si serait plus l’intervalle de septième majeure – à rectifier par contre s’il s’agit d’une octave do-do le 2ème do est étranger aux notes du mi mineur ( mi-sol – si ) alors !!!!
    merci pour ta réponse Pierre je continue la découverte de ton analyse à bientôt

    Répondre

    • Clément du site lecompositeur.com

      Salut Pierre !

      En fait, c’est bien un Si, il s’agit d’un septième majeure. Merci de l’avoir signalé 🙂
      Du coup, comme je l’ai expliqué dans un autre commentaire :

      On a bel et bien une octave descendante ensuite, ce qui va dans le sens de la plénitude. Mais cette septième majeure implique effectivement une sensation de grandeur (pour le grand écart mélodique) et plutôt une très légère dissonance qui accentue l’émotion et non la plénitude du coup. Le Si de la mesure 6 étant la quinte de l’accord de mi mineur, on a pas une émotion déchirante non plus mais plutôt quelque chose de stable, malgré la dissonance de la septième.

      à bientôt !
      Clem

      Répondre

  • Michel Beckers

    Hello Alex,

    Un grand merci pour cet article super intéressant.
    Etant justement en train de relire (pour ne pas dire d’étudier) tes 231 pages de A à Z, je trouve que cette analyse constitue un exercice très intéressant.
    Le choix de cette musique illustre parfaitement, et de façon abordable pour les débutants dont je fais partie, la notion de simplicité-complexité.

    Petite remarque : je ne comprends pas pourquoi, dans la mélodie, à la 3ème mesure, quand on passe d’une note DO à une note SI (sauf erreur de ma part), vous appelez ça une octave (ascendante)…

    Encore merci et bravo !,
    Michel

    Répondre

    • Clément du site lecompositeur.com

      Salut Michel !

      Oui en effet tu as raison, j’ai fais une bête erreur… Merci c’est corrigé !

      Sur les mouvements mélodiques ascendants, il y a une septième majeure et non une octave entre les mesures 5 et 6.
      On a du coup bel et bien une octave descendante ensuite, ce qui va dans le sens de la plénitude. Mais cette septième majeure implique effectivement une sensation de grandeur (pour le grand écart mélodique) et plutôt une très légère dissonance qui accentue l’émotion et non la plénitude du coup. Le Si de la mesure 6 étant la quinte de l’accord de mi mineur, on a pas une émotion déchirante non plus mais plutôt quelque chose de stable, malgré la dissonance de la septième.

      Voilou pour la précision 🙂
      Clément

      Répondre

  • Arthur

    Superbe travail d’analyse.
    Je suis très fan de cette musique et ai eu la chance de voir le live à Paris en avril.
    Time était la dernière musique, en rappel, c’était beaucoup d’émotion !

    Arthur

    Répondre

  • Ivan Rodrigues

    Bonjour,

    L’article a vraiment bien commencé, très plaisant à lire! Mais je me DOIS de contester une mauvaise approche de l’harmonie.

    Nous sommes ici EVIDEMMENT dans une tonalité modale de La Dorien (gamme mineure naturelle de La avec le 6ème degré haussé).

    La suite harmonique est donc naturellement la suivante : I min – V min – VII – IV

    C’est une suite d’accord très courante utilisée dans ce mode Dorien, représenté par exemple par la musique emblématique « Scarborough Fair » de Simon & Garfunkel.

    Rare (même très rare) sont les musiques qui ne commencent pas par leur accord de tonique. Et c’est le plus souvent en musique tonale qu’on rencontrera cela en commençant par exemple la musique par un accord de dominante au lieu d’un accord de tonique… Mais même dans ce contexte c’est rare!

    Donc dire que la musique commence par un accord de IV ou de ii est très très improbable. Maintenant, je suis d’accord sur cette aspect de « flou » pour la diversité entre les accords majeurs et mineurs.

    De plus, la particularité (et beauté) de ce mode est le 4ème degré majorisé (normalement mineur dans une gamme naturelle mineure)! Donnant un bel effet inattendu à l’oreille, « d’espoir » si je puis dire! (A jouer sur son instrument pour entendre cela, ou écouter la musique de Michael Jackson « Earth Song » qui est un excellent exemple de musique basculant entre le Ier degré mineur et le IVeme degré majorisé durant les couplets).

    J’espère que ceci vous aura éclairez. Néanmoins excellent travail ! 🙂

    Ivan, étudiant en piano et écriture et analyse musicale à l’académie.

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    • Albéric

      Salut, merci pour ton commentaire tu répond à une de mes questions que je m’était posé en lisant cette analyse,
      cependant je me demande quand tu dis que l’on est EVIDEMMENT dans une tonalité de la dorien quel est le critère que tu utilise pour être aussi sûr, est ce que c’est le premier accord de la musique, est ce que c’est autre chose ?

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    • Wouar

      Salut !
      Bizarrement, j’aurais plutôt opté pour le Sol Majeur, comme écrit dans l’analyse de l’article
      Avec la cadence II – VI – I – V, Hans Zimmer termine par la demie cadence I-V qui donne un effet de « non résolu »… un peu comme la fin du film

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  • Pierre

    Visiblement la mélodie m’en rappelle une autre très connue dont Hans Zimmer a certainement du s’inspirer. Est ce qu’une bonne âme pourrait m’aider?

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    • JaHe

      Il me semble que ce thème s’inspire directement de celui du film « das boot »

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  • David

    Ca donne envie de tester plein de nouvelles choses. Merci !

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  • Vincent

    Les choses les plus géniales sont souvent celles qui semblent les plus simples. Merci pour l’analyse et surtout pour les conseils. Pour moi qui fonctionne surtout au « feeling » ça me donne une autre perspective sur la musique et je trouve pas mal de parallélismes avec ce que j’essaye de faire.

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    • Alex

      Bonjour Vincent,
      Merci à toi pour ton commentaire. C’est justement ça mon objectif principal à travers ce site: théoriser certaines pratiques faites « au feeling » pour les démocratiser. J’essaie de « déconstruire » la musique pour en expliquer les rouages, et ainsi rendre la composition musicale accessible au plus grand nombre.

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  • Patrat

    Bonjour à vous,

    Belle approche globalement, mais pour l’approche harmonique… ?
    Vouloir analyser du modal à la façon du tonal fait passer à côté de pas mal de chose. Alors que le système tonal a été largement « épluché » (avec le sommet analytique de Schoenberg dans les années trente), le modal depuis le début du XXe S. est largement exploré pour ses ressources justement inaccessibles avec le système harmonique fonctionnel tonal.
    Et le propre du dorien est justement une ambivalence entre mineur (pour son premier tétracorde) et le majeur (pour son second tétracorde). En partant de ce point de vue, il me semble que l’analyse gagnerait en cohérence… Le compositeur exploite un mode et en tire « tout le jus », alors qu’y voir une polytonalité possible (une ambiguïté) noie un peu le poisson… Le modal est toujours ambigu quand on a une oreille sagement tonale… Alors n’eut-il pas mieux fallu relever d’emblée le caractère modal et inviter tout un chacun à explorer ce réservoir d’ambiguïtés…
    Pour le reste, on ne peut qu’être d’accord 😉
    Et quoi qu’il en soit, merci pour votre travail !

    Gilles

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  • Xilocraw

    Super pour cet article passionnant ! j’espère que tu feras la même chose pour les musiques de Joe Hisaishi, sa serait passionnant une comparaison entre la musique du chateau dans le ciel  » Laputa: Castle in the sky » et celle du vent se lève qui ont beaucoup de points communs :  » Naoko Meguriai « .

    Merci!

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  • Haïti

    Merci pour l’article, qui illustre la simplicité dans la composition, mais au résultat efficace.

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  • eric

    merci beaucoup pour les leçons très importante de music que tu me fait. merci!

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  • eric

    j’apprecie beaucoup votre méthode d’enseignement.

    Répondre

  • Gaet

    Merci pour cet article très intéressant !

    Etant fan des oeuvres de ce compositeur, j’ai pu retrouver certaines choses que je ressens effectivement lorsque j’écoute certaines de ses musiques.

    Sa musique est très humaine et fais ressortir des émotions sincères. Ce ne sont peut-être pas des partitions toujours virtuoses mais elles mettent le doigt là où il faut.

    Pour la compo d’Interstellar, il a composé le thème principal du film à partir de quelques lignes de l’histoire du film…

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  • Julien

    Félicitation, pour cette analyse et ces explications.

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  • Loic

    Cette analyse est vraiment intéressante surtout quand c’est une oeuvre qui nous a marqué (le film et la musique).
    Pour le coup ça sera utile pour comprendre les choix artistiques musicaux d’autres films.
    Et comme quoi la musique est vraiment un langage à part entière!
    D’ailleurs, il me semble avoir vu une interview où Hans Zimmer comparait la musique à une dialogue avec des questions/réponses. Et cet analyse, m’aide à mieux comprendre ce qu’il a voulu dire ^^

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  • Jorj

    Bonjour à tous,

    Bravo pour le décorticage analytique qui nous propulse à des années lumières de la musique … en réalité.

    Nous viendrait-il à l’esprit de donner des numéros de référence d’un nuancier pour certaines teintes de bleus ou de pourpres dans une toile d’un grand ou petit maître du XV Siècle ou plus contemporaine ????

    Spectateur comme tout le monde mais aussi auditeur très très confirmé … je pense que depuis plusieurs années la musique de ce Monsieur est plus que pauvre et les redites usées jusqu’à la corde. Présent à Paris à Berçy ( Accord Arena ) en juin dernier, c’est encore pire en live …. juste de la pub pour des séquenceurs et des amplis de basses. Bonne pub pour les projecteurs aussi !

    La vraie musique se passe de commentaire, Je rigole de la richesse mélodique prétendue de 4 notes jouées avec l’autre main dans la poche …. Liszt , Chopin et Ravel aussi. ( concerto pour la main gauche …. je connais aussi , merci)

    N’est pas Bernard Hermann ou Georges Delerue qui veut
    https://www.youtube.com/watch?v=KopB5RqRAjE

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    • JaHe

      En tant qu’amateur dépourvu des connaissances théoriques développées dans les commentaires ci-dessus, je me permets très modestement de faire part de mes impressions à l’écoute des compositeurs évoqués.
      Le thème de Georges Delerue accessible par le lien renseigné précédemment me paraît mélodiquement pauvre, des enchaînements classiques et stéréotypés sans invention ni surprises.
      Je rencontre beaucoup plus d’innovation et d’inventivité mélodique ainsi que de la richesse en nuances chez Ravel, dans le tombeau de Couperin par exemple.
      https://www.youtube.com/watch?v=7NA4j3VhGY4
      Pour Hans Zimmer la démarche me semble différente.
      L’expertise se place plutôt dans la capacité d’exploiter une base mélodique réduite en jouant sur les nuances et une montée en puissance remarquable par un choix judicieux des instruments qui y participent.

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    • Charlois Sylvie

      Comme quoi, pour reprendre le vieil adage, « les goûts et les couleurs »…
      Fan de John Williams et Jerry Goldsmith, les deux géants de la musique de film (à mes yeux, opinion personnelle donc totalement subjective), j’avoue avoir peu à peu succombé aux sirènes de Hans Zimmer.
      Depuis Gladiator en fait, et bien que cet OST soit par moment un très habile plagiat de Wagner et Holst, il n’en reste pas moins fascinant, à la fois par sa puissance et ses envolées élégiaques, portées par la voix de Lisa Gerrard. Une fois qu’on a « entendu » la valse qui accompagne la bataille d’ouverture, mélange d’élégance et de sauvagerie, il est difficile de ne plus la percevoir. Volonté déclarée de Zimmer de symboliser le début de la décadence d’un empire sophistiqué, à l’image des valses viennoises symbolisant une époque et un mode de vie fastueux qui allaient disparaitre dans les affres de la première guerre mondiale.
      Au delà de ça, moi qui ne suis pas vraiment musicienne, mais qui baigne dans la musique depuis mon enfance, qui ai commencé à prendre des cours de piano à 58 ans, ce début d’apprentissage m’a donné une nouvelle approche et compréhension des musiques que j’écoute.
      Oui, Zimmer fait « simple », dans la mélodie. Deux notes pour son thème de Batman, idem pour celui de Superman.. Mais quelle efficacité émotionnelle ! Je peux écouter en boucles certains passages de The Dark knight rises, dont les rythmiques entêtantes ont quelque chose d’hypnotique. Et j’ai été complètement estomaquée la première fois que le thème de Wonder Woman a fait son apparition dans Batman Vs Superman, ce rythme quasi primitif associé au cri de banshee du violoncelle électrique.. Son travail sur Insterstellar est somptueux, avec l’utilisation de l’orgue.
      J’étais il y a deux jours à Paris pour le dernier concert de la tournée Hans Zimmer Live 2023, et quelle expérience ! Phénoménal !
      Oui, Zimmer fait « simple », mais jamais simpliste, et il a un talent certain pour l’orchestration. J’attends avec une certaine impatience son opus pour la deuxième partie de Dune, après son extraordinaire création pour le premier film, où la musique était une partie intégrante du film, de façon très organique et viscérale, et cet OST ne se résume pas à l’exceptionnelle participation de la vocaliste Loire Cotler.
      Pour moi, il n’y a pas de « vraie » musique et de « fausse » musique, juste de la musique, qu’on peut aimer ou pas, trouver bonne ou pas, mais c’est très subjectif, donc personne ne peut être impartial, et chacun juge selon ses gouts et son ressenti.
      Je peux aimer Bernard Hermann (son thème pour « The ghost and Mrs Muir » est d’une beauté renversante), Miklos Rosza (il y a quand même de bien belles choses dans Ben Hur), et donc bien sûr John WIlliams, qui les dépasse tous (c’est mon avis, et ce n’est que mon avis) et Jerry Goldsmith, quasiment sur la même marche du podium pour moi (toujours mon avis), mais bien que j’aie vu un bon nombre des films qu’il a mis en musique, je n’ai absolument aucun souvenir des mélodies de Georges Delerue…Mais alors aucun, rien, pas une note, pas un thème…
      Pour moi la musique de film, c’est probablement ce qui se rapproche le plus de l’expression de l’émotion pure. Parfois elle fonctionne au delà du film, et on peut l’écouter hors contexte, et y retrouver les émotions suscitées par le film. Et parfois, elle n’existe que pour et dans le film, et devient « inaudible » en dehors du film. Est-ce bien, est-ce mal ? Chacun jugera en fonction de son ressenti.
      N’est pas Hans Zimmer (oh John Williams, ou Jerry Goldsmith…) qui veut…

      Répondre

  • Jorj

    La censure existe toujours…..

    J’ai même entendu du Beltrami…….oh pardon, c’était signé Zimmer, simplement pompé…..

    Allez sur le site de la firme Zimmer, le nombre d’arrangeurs est impressionnant…. et tout ça pour ça !!

    Je rêve

    Jorj

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  • Yvan VINDRET

    hum… arrêtez moi si je me trompe, mais quand la mélodie monte jusqu’au si, l’accord n’est plus un Em mais un C majeur 7 ! On entend clairement des do à chaque fois qu’on arrive à ce moment de la grille.

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    • Alexandre Pinoteau

      Totalement d’accord

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  • Dario

    Ca m’a motiver a me mettre a la composition merci bcp aurais tu d’autres lien pour m’aider pour débuter dans les compos

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  • Pyf - Apprendre la photo

    Bravo pour cet article très intéressant ! Quel travail d’analyse !

    Merci pour ces explications et bonne continuation à vous !

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  • Patrick

    Bonjour,

    Bien joli tout cela, mais aucune mélodie dans cette musique, et donc facile de rester flou, sur 3 ou 4 accords.

    Pas moyen pour le public de mémoriser, de fredonner.

    Bon, c’ est la tendance, et pour le flou, évidemment, c’ est réussit…. bon, je veux bien, mais au niveau composition,

    pour moi, c’ est du routage de gueule, de la poudre hypnotique.

    Bon, c’ est l’ industrie qui décide.

    Répondre

    • Philippe Marrot

      Vous avez raison, mais comme il a été expliqué, ce morceau respecte l’idée du scénario. Le flou artistique peut aussi nous changer les idées … Quant au « routage de gueule » dont vous parlez, encore un de plus … pour la route ou le routage !

      Répondre

  • Darius

    Tout d’abord, bonjour à vous deux et je dois bien l’admettre que ce post donne vraiment un bon aperçu du talent du mec. Ensuite, entrer dans sa tête pour savoir comment il a composé cette musique est simplement hallucinant. J’ai appris pas mal de choses et moi qui suis fan de Zimmer, j’en suis ravi. Continuez ainsi .

    Répondre

  • Philippe Marrot

    Un grand bravo chaleureux pour vos explications pertinentes, techniques ou générales, et bien écrites. J’ai moi-même mis 22 de mes compositions sur You Tube, je suis toujours à la recherche de nouvelles idées, philosophies et techniques, et vous avez fait un travail de pros ! Il faut lire en profondeur votre analyse, tout écouter et essayer d’aller consulter tous les liens. Merci encore et à bientôt !

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  • David

    Je ne suis pas du domaine de la musique mais j’ai lu cet article par curiosité et il est super intéressant !
    Merci d’avoir partagé cette analyse

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  • Karen

    Bonjour, merci beaucoup pour cet article, simple à comprendre pour les « non musiciens ». Je me penchais sur cette explication car je me posais la question depuis longtemps de savoir si finalement la structure orchestrale ne correspondrait pas ou ne reflétait pas un niveau de rêve différent du film ? C’est-à-dire que chaque étape que vous décrite dans la partie « structure orchestrale », à chaque nouvelle arrivée, correspondrait à un niveau supérieur. Par la suite, on arrive à un certain nombre de niveau supérieur de rêves et à 3min33 (quand « tout s’efface » comme vous dîtes), il ne reste que le piano qui serait en fait la réalité, les instruments s’effacent tels l’on sort des niveaux de rêve… simple hypothèse que j’aimerai bien vérifier !

    Répondre

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