Faut-il connaitre le solfège pour jouer de la musique et composer ?

En voilà une question difficile ! Et je vous avoue m’être arraché les cheveux en rédigeant cet article tant les différentes approches et écoles concernant le sujet différent et se tiennent. Alors qu’en est-il ? Faut-il vraiment avoir des bases solides en solfège pour créer de la musique ? C’est ce que nous allons voir dans cet article. 

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Note: Cet article est le tout premier que j’ai écrit pour Composer sa Musique. (Il y a presque 10 ans déjà…). Vous trouverez ci-dessous la version originale. Mais si ça vous intéresse, j’ai créé une seconde version de cet article que vous pouvez consulter en cliquant ici.

Mais avant de commencer quoi que ce soit, définissons ensemble ce qu’est le solfège.

Selon notre ami Wiki, le solfège est l’étude des éléments permettant de lire, écrire, jouer ou chanter une partition.

Seulement voilà, il est tout à fait possible de faire de la musique, créer des chansons et progresser dans son instrument sans avoir aucune notion de solfège et sans avoir recours à la partition. Les meilleurs exemples à citer sont les guitaristes de légendes Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan. Sans aucunes notions musicales, ils ont tout de même réussi à révolutionner le monde de la musique et ériger la guitare au rang d’instrument mythique ! De plus, de nombreuses personnes jouent aujourd’hui admirablement bien d’un instrument, sans avoir jamais mis les pieds dans une école de musique.

Alors  pourquoi aller perdre son temps à apprendre le solfège ? La question est légitime et mérite d’être posée. Fondamentalement, je dirai que ces personnes qui entretiennent une approche instinctive de la musique ont tout à fait raison : il n’est pas nécessaire de connaître la signification de « gamme mineur harmonique », « mode myxolydien », ou « septième diminuée » pour pouvoir composer. Après tout improviser une mélodie entraînante dans sa tête constitue déjà en soi une composition.

Certaines de ces personnes vont même parfois plus loin dans leur raisonnement en affirmant que les connaissances théoriques peuvent être nuisibles à la composition et à l’inspiration. En effet, trop soucieux d’intellectualiser leur musique, les « théoriciens » se retrouvent à se cantonner à des règles préétablies donnant ainsi naissance à une musique trop lisse et conventionnelle. Mais là pour le coup, il ne s’agit que d’un préjugé comme je l’explique dans ma vidéo: « Le solfège tue la créativité ?« .

La théorie de la musique si effrayante pour de nombreuses personnes, peut en effet se révéler très utile. Car maîtriser le solfège permet de :

  • Connaître une langue supplémentaire : Une partition est un langage universel, vous pouvez en effet communiquer avec la terre entière par l’intermédiaire des notes et de la musique !
  • Etre sûr de ne pas vous planter dans vos improvisations
  • Vous aidez dans votre composition en vous permettant par exemple de trouver le dénouement d’une suite d’accords que vous ne parviendrez pas à conclure en temps normal
  • Comprendre précisément les techniques utilisées par vos artistes préférés afin de pouvoir les reproduire
  • Vous aidez à retrouver un morceau à l’oreille : si vous avez par exemple des difficultés à repérer un accord au milieu d’un morceau, la théorie peut vous y aider par la connaissance de la tonalité générale.
  • Eviter le syndrome de la page blanche musicale
  • Progresser et composer beaucoup plus rapidement et efficacement

Je dirai donc pour résumer que le solfège et la théorie sont de formidables outils en faveur, et au service de la musique. Certes ils ne sont pas indispensables en soi et peuvent engendrer certains travers, mais ce sont d’extraordinaires atouts dont il serait vraiment dommage de se priver. Une personne maitrisant des notions de solfège possède un avantage certain en composition par rapport à une personne non initiée.

Prenons une petite image comparative pour illustrer mon propos en rapportant la musique à la danse : il est tout à fait possible d’être un très bon danseur sans avoir jamais pris de cours de danse. Cependant, la connaissance de certains pas de danses et de chorégraphies constitue un atout considérable et vous seront toujours utiles pour affiner votre style. La théorie, c’est exactement la même chose : elle constitue les pas de danses qui vous permettront d’être toujours dans le coup tout en vous constituant un bagage technique non négligeable.

Alors pourquoi s’en priver ?

Et vous qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à réagir sur cet article, surtout si vous aussi vous aimez la danse, le solfège et Kamel Ouali. 😉

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24 commentaires


  • Tpm

    Super Alex, nous sommes tous derrière toi.
    Ton article est super, continue comme ça !

    Répondre

  • Gym3000

    tout à fait d’accord avec toi Alex, maîtriser le solfège est un excellent atout pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans la composition.
    Saurais-tu s’il existe de grands compositeurs qui ont réussi dans le milieu sans avoir une seule base en solfège?

    Répondre

    • Henri

      Django Reinhardt est un des exemples. Il ne lisait ni n’ecrivait pa musique, mais il avait une oreille et un sen du rythme remarquable,,,Ce n’etait pas un compositeur classique, cependant sa musique et sont style on inspire beaucoup de musiciens.

      Répondre

  • FIX

    En effet, Alex a déjà répondu à la question posée parGym3000 et bien que la question semble tonique, il affirme dans son article que des compositeurs sans aucune notion musicale ont révolitionné le monde de la musique. Notons bien, sans aucune notion musicale..

    Répondre

  • Bernard the Detroiter

    Je suis assez d’accord avec toi
    Puisque je suis un faux-profane en solfège, j’ai baigné dedans et bien sur ça m’a grandement influencé. Mais j’aime assez le caractère désorganisé de mes compositions (très peu ambitieuses) cependant il me manque la méthode, la logique qui rendrait mon travail beaucoup plus efficace. C’est donc par recherche d’efficacité que je me tourne petit à petit vers le solfège (aidé par ton blog 😉 mais je pense que certaines personnes refuseront délibérément de se plier à cela et il ne faut pas trop leur en tenir rigueur parfois l’expression brute, l’intuition et l’expérimentation valent mieux que l’intelectualisation. Mais tu as raison le solfège est avant tout un langage.

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    • Alex

      Je suis tout à fait d’accord avec toi Bernard!

      J’admire aussi ces gens jouant une musique “brut” réalisée juste par la force de leur intuition et de leur sensation. C’est clairement le meilleur moyen pour développer sa créativité. Après voila, si en plus de ce côté naturel tu arrives à connaître la logique de la musique et à devenir plus efficace et précis dans la progression de tes compositions grâce au solfège, tu deviendras alors un maître jedi 😀

      Je pense qu’il faut trouver un juste milieu entre ces deux écoles et considérer plus le solfège comme un outil complémentaire à l’expression brut de la musique (comme tu le dis si bien), plutôt qu’à un frein à la créativité. 🙂

      Répondre

  • Frédéric

    Comme beaucoup de guitaristes, je ne suis pas très bon en solfège, et ça m’a longtemps embêté; plus maintenant!

    D’abord, opposer les musiciens avancés en connaissances musicales écrites à J. Hendrix et SRV n’est pas approprié: ces derniers jouaient du blues, qui est une musique codifiée, certes compexe, mais qui fait la part belle à l’expression scénique et à l’expressivité (oui je sais, il y a l’album Electric Ladyland …). Je pense qu’il y a confusion entre les connaissances musicales, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs que l’on peut mobiliser pour créer, et la connaissance du solfège. La musique européenne est basée sur l’écrit, la ‘note’, ce qui n’est pas le cas d’autres musiques, comme les musiques indiennes ou africaines. La supériorité de la musique écrite a tenu au fait qu’on pouvait la diffuser largement à partir du papier, à une époque où l’enregistrement était inconnu. par ailleurs, c’est le seul moyen de faire jouer l’œuvre d’un seul à vingt ou trente musiciens simultanément.

    Donc, à mon avis, on ne doit pas sous-estimer les connaissances acquises par l’écoute.

    Cela dit, attention, bien souvent on entend ce que l’on comprend: un musicien autodidacte peut jouer tel ou tel air avec deux ou trois accords, en s’imaginant tenir l’essentiel d’un morceau, et il passe à côté de la vraie interprétation.
    Par ailleurs, le solfège rythmique donne des bases qui servent à l’interprétation, mais aussi à l’écoute, et tout ça sert à mieux écouter nos musiques… .

    En résumé, le solfège n’est pas indispensable à la composition, mais ça peut aider, et ça participe à la culture des musiciens, alors c’est bien de s’y mettre un peu, non?

    Répondre

    • Julien

      Très bon article et très bonne contre-analyse de Frédéric!
      Bravo pour ce site!!!

      Répondre

  • Guilleminot C.

    La musique a existé longtemps avant d’être théorisée, écrite, structurée…
    Elle a parfois été l’expression de la langue parlée à travers les instruments : par exemples les tambours parlant d’Afrique de l’Ouest.

    Beaucoup de langues africaines sont tonales, c’est-à-dire qu’un /a/ n’a pas le même sens selon sa hauteur par rapport à son environnement. Pour communiquer sur de longues distances, les Africains ont conçu des tambours permettant de produire les tons et par la même un langage simplifié. Ceci a donné son caractère étonnant et toute sa complexité aux rythmes issus de ces techniques africaines, qui une fois détachés des langues originales ont pu évoluer indépendamment et exprimer la musique africaine contemporaine bien sûr, mais le blues, le jazz, la musique afro-cubaine et leurs multiples variantes qui ont conquis le monde entier à partir du début du XXe siècle.

    Il n’y a pas contradiction car l’on observe de nombreux exemple où une simplification dans un domaine est à l’origine d’une complexification dans les domaines voisins. Les mathématiques sont une source pour ce type d’observations.

    Répondre

  • Djaphkah

    Perfect!

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  • Guénaël

    …..et il y a même des personnes qui chantent (à la télé….) et qui ne savent même pas chanter !
    Mais çà, c’est une autre histoire !
    Guénaël

    Répondre

  • Loic

    J’aime la danse, j’aime la musique mais Kamel Ouali… faut voir 😛
    Sinon je suis assez d’accord avec ton article. Moi même j’ai commencé (sérieusement) la musique (MAO) sans connaitre de solfège (bon je sais chanter do-ré-mi-fa…lol) mais depuis j’essaye d’apprendre petit à petit le solfège car parfois la composition intuitive bloque et ça sonne pas très bien! Perso, je préfère garder une certaine spontanéité et après rajouter un peu plus de « cadre » / règles pour l’améliorer. (Bizarrement j’ai fais pareil pour la danse ^^ »)
    Voilà! Au plaisir de te lire!

    Répondre

  • Benjamin

    Je me reconnais bien dans ce que tu dis au début de l’article: le solfège, les connaissance théoriques peuvent être nuisibles à un certain moment. Malgré des 10aines d’années dans les conservatoires, nationaux, supérieurs et des toutes les connaissances acquises, il relève parfois de l’enfer pour s’affranchir de tout cela.
    Pourquoi? Simplement parce que l’éducation musicale dans ces institutions à perdu son bon sens. Allez demander à des élèves de troisième cycle d’improviser de façon simple avec des matériaux simples, on va rigoler… Étrange quand on sait jouer parfaitement de son instrument, que l’on à toute ces notions de solfège non?
    Si on dit que la musique se « joue », c’est bien parce que c’est un « Jeu »! amusons nous de ces connaissances et n’ayons pas peur d’expérimenter tout cela nous même et de ne pas tout prendre pour argent comptant.

    Répondre

    • Julien

      Entièrement d’accord Benjamin!Le solfège enseigné comme il l’est aujourd’hui au conservatoire complexifie et dogmatise cet art en oubliant le coté instinctif et primaire des origines de la musique…je suis toujours impressionné quand j’entend un technicien jouer, mais je le serais toujours plus par un créatif!

      Répondre

  • Gazoil

    Super description. Le problème n’est pas le solfège, le problème est que lorsque l’on étudie le « grand répertoire », il est ensuite difficile de se lancer dans une création comprenant 4 accords et une mélodie simple qui reste dans la tête. L’enseignement du solfège aujourd’hui doit aussi analyser le répertoire populaire et monter aux élèves qu’avec ces « notions » dont tu parles, ils sont eux aussi capables de créer. C’est sûr de devant une symphonie de Berlioz on est un peu découragé, alors que devant une chanson de Gim’s tout devient plus simple. Ce dernier est pourtant plus connu que le premier en France!!!

    Répondre

  • Laffargue

    J’admire ce point de vue ,je la gratte jazz depuis 40ans chez moi trop timide pour jouer avec ou devant un public sa me glace le sang , j’ai fabrique des tas de petits morceaux ,je travaille tout les jours et sont toujours différents ,je ne m’enregistre jamais , j’appelle la mémoire des doigts ,les notes accord ou autre chose en ce qui me concerne je ne connais rien ,et sa sonne juste , joué en public est complexe ,dans la mesure où vous êtes un auto didact la question se pose ,sa vas le faire ou pas ,on construit quelque chose qui vient de la profondeur de votre âme avec votre sensibilité vous y croyez ,et très souvent vous dites c’est des conneries tout ça ,tu ne connais rien a la zique reste chez toi et bosse , conclusion aujourd’hui vos arguments me permettrons d’avoir une vision des choses merci à vous

    Répondre

  • Christian

    Bonjour, ces conversations m’intéressent fort. Ma question est : l’écriture musicale est-elle une langue, un langage, un système, une syntaxe, e grammaire, ou autre ? Ma question est surtout linguistique, merci d’avance (je trouve dommage que ces échanges ne soient pas datés, sauf erreur…)

    Répondre

  • Haja

    Super réflexion très bien rédigé.
    Je fais de la musique depuis très longtemps et j’adhère complètement à cela.
    Cela revient souvent lors de discussion avec de jeune musicien ou de plus expérimenté avec, selon moi, des idées un peu restreintes.
    Cependant je pense que cela devrait se compléter avec une réflexion sur les instruments car j’ai pu aussi avoir le même type de discussion concernant les classiques / traditionnels vs les originaux et les bas de gamme et haut de gamme.
    Peut-être avez-vous un avis sur la question ?

    Répondre

  • Jax

    J’ai toujours été attiré par la musique depuis très petit. J’ai voulu jouer d’un instrument et mes parents m’ont inscrit à une école de musique.
    Le décor : une vieille dame au milieu de vieux meubles dans un décor des années 30… Et surtout : interdiction de toucher à un instrument sans maîtrise du solfège.
    Résultat :des inscription et une quinzaine d’années de frustration.
    Entre-temps, la découverte du rock, la liberté, la créativité… Un pote m’a appris quelques morceaux à la guitare à l’oreille (même un certain groupe qui desacordeait sa guitare pour jouer certains morceaux). J’ai connu alors ce qu’ était le sentiment du « sublime » et je ne pouvais imaginer qu’une transcription mathématique qu’est le solfège puisse illustrer tout cela.
    Pour moi, le solfège est fait pour les ouvriers de la musique, les ingénieurs, comme Copernic ou Einstein, ont l’intuition et réussissent à se défaire d’un certain classicisme.
    Il est faux de dire qu’un compositeur connaissant le solfège à un avantage certain. Sauf si on ne jure que par le classique.

    Répondre

  • Jax

    Permettez-moi une objection, et c’est le cas de le dire: l’argument est très objectif alors l’art est du domaine du subjectif.
    L’argument (connaître ou pas le solfège) est irrecevable tant qu’on parle d’art et a fortiori de composition de musique.
    Je ne connais pas (plus) le solfège et c’est un détachement dont je suis très heureux lorsque je compose, à titre personnel.

    Répondre

  • popoli

    pas besoin de savoir lire pour savoir parler,en musique c’est pareil !!

    Répondre

  • Jalil

    Bonsoir,
    j’ai envie de dire oui & non, un grand compositeur comme Scott storch, est autodidacte, néanmoins cela ne l’a pas empêché de révolutionné le monde la musique.

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