Les modes en musique (3/4): Construire n’importe quel mode

Troisième partie de mon dossier consacré aux modes. Cette fois ci, nous allons voir trois techniques (la technique logique, la technique de la structure et la technique de la note caractéristique) pour apprendre à construire et identifier n’importe quel mode.

Introduction

Previously on Composer sa Musique…

Dans la première partie de ce dossier, nous avons vu ce qu’étaient les modes et quels étaient leurs utilités : Les modes en musique (article 1/4) : Qu’est-ce qu’un mode et à quoi ça sert ?

Dans la seconde partie, nous avons passé en revue les 7 modes de la gamme majeure : Les modes en musique (article 2/4) : Les 7 modes de la gamme majeure. Nous avons vu le nom de chacun de ces modes (mode Ionien, Dorien, Phrygien, Lydien, Mixolydien, Aéolien et Locrien), leur nature, leur structure, et leur sonorité.

Si ce n’est pas encore fait, je vous invite à lire (ou à relire) ces deux parties. Pourquoi ? Tout d’abord parce que j’y fais de magnifiques comparaisons avec Harry Potter, Bob L’Eponge, et Blanche Neige (et rien que pour ça, ça vaut le coup d’œil), et ensuite parce que cette troisième partie fait directement suite aux deux précédentes. Il est donc indispensable de maîtriser les notions qui ont été présentées jusqu’à maintenant pour pouvoir attaquer ce qui va suivre. Sinon, vous risquez de ne pas comprendre grand-chose. 🙂

Alors, aujourd’hui qu’allons-nous voir ? Nous allons voir comment construire n’importe quel mode.

Oui mais Alex, on sait déjà construire un mode. Par exemple pour construire un mode mixolydien, il suffit de prendre une gamme majeure et de la commencer par sa cinquième note. Du coup je ne vais pas apprendre grand-chose dans cet article non ? 

C’est une bonne remarque. En fait, en procédant comme nous l’avons fait jusqu’à présent, vous serez capable de construire un mode, mais vous ne serez pas capable de construire n’importe quel mode. Je vais reprendre mon exemple avec le mode mixolydien, vous allez vite comprendre. On va construire ensemble un mode mixolydien à partir de la gamme de Do Majeur. Pour cela, il suffit de commencer cette gamme par sa cinquième note : le Sol. On obtient alors un mode en particulier : le mode de Sol Mixolydien.

C’est génial, mais si vous souhaitiez obtenir le mode de Do Mixolydien à la place, comment auriez-vous fait ? Comment est-ce que vous vous y seriez pris pour construire ce mode en particulier ? Pas facile hein ? 😉 Vous voyez donc qu’il est facile d’obtenir un mode mixolydien (pour ça il suffit de prendre une gamme majeure et de la commencer par sa cinquième note), mais pour obtenir un mode mixolydien bien précis, c’est tout de suite plus compliqué.

D’accord, je veux bien Alex mais concrètement, pourquoi est-ce qu’il est important que je sache construire n’importe quel mode ? 

C’est indispensable si vous souhaitez utiliser les modes de façon pratique. Pour vous faire comprendre cette idée, je vous propose que l’on reprenne mon exemple de « Bob l’Eponge » donné au sein de la partie 2.

Et revoilà Bob !

Rappelez-vous : vous étiez Carlo le clarinettiste et vous jouiez en groupe avec Patrick le batteur, Bob le Guitariste et Cindy la bassiste. Bob jouait en tonalité de Ré Majeur et vous aviez envie d’improviser un solo sur ses accords grâce aux modes. A ce moment-là, je vous avais dit que puisque le morceau était en Ré Majeur, vous pouviez utiliser des modes majeurs pour improviser dessus. Oui mais voilà : je ne vous avais pas dit quels modes précis utiliser. (Eh oui, j’ai fait exprès d’omettre ce détail pour ne pas vous embrouiller sur le moment). 😉 #Toutestcalculé #Pedagogieprogressive #Tul’aspasvuvenir #Jemegonfletoutseulavecmeshashtags.

Naturellement, puisqu’on est en Ré Majeur, on est vite tentés de prendre les modes majeurs issus de cette gamme, à savoir les modes de Sol Lydien et de La Mixolydien.

Sauf que dans les faits, ces modes ne fonctionneront pas. (Dommage, sinon vous n’auriez pas eu besoin de cet article). 😉 Pourquoi ? Parce que pour improviser à partir d’une tonalité donnée, il ne faut pas utiliser les modes issus de cette tonalité, mais les modes dérivés de cette tonalité. Autrement dit, à partir de la tonalité de Ré Majeur, on ne va pas utiliser les modes de Sol Lydien et La Mixolydien (modes majeurs issus de la tonalité) mais les modes de Ré Lydien et Ré Mixolydien (modes majeurs dérivés de la tonalité). Idem, si Bob avait joué dans la tonalité de Sol Majeur, il aurait fallu utiliser les modes de Sol Lydien et Sol Mixolydien (modes majeurs dérivés de la tonalité) et non les modes de Do Lydien et Ré Mixolydien (modes majeurs issus de la tonalité).

Vous voyez la différence ? Et donc pour ça il n’y a pas 36 solutions, il faut être capable de construire n’importe quel mode. Parce qu’en l’état, je suis quasiment sûr que vous ne pouvez pas me construire les modes de Ré Lydien ou de Sol Mixolydien. (Seul Chuck Norris est capable de construire n’importe quel mode sans connaître la méthode). 😉 Mais ne vous inquiétez pas puisqu’à la fin de cet article, vous en serez parfaitement capable. 😉
.

A la fin de cet article, vous serez aussi cool et badass que Chuck Norris


Partie 3 : Construire et identifier n’importe quel mode 

Il existe trois grandes méthodes pour construire un mode :

  • La méthode logique
  • La méthode de la structure
  • Et la méthode de la note caractéristique

Les trois méthodes fonctionnent parfaitement. Dans cet article je vais vous présenter en détail chacune d’entre elles et il ne vous restera plus qu’à choisir celle qui vous conviendra le mieux.

I / La méthode logique

1) Principe de la méthode

J’ai intitulé cette méthode la ‘méthode logique’ parce que vous allez voir qu’elle est… très logique. (Captain Obvious à votre service). Elle repose sur la définition même du mode.

Un mode c’est quoi ? C’est une gamme majeure commencée par une autre de ses notes. Par exemple un mode dorien c’est une gamme majeure commencée par sa seconde note, un mode phrygien c’est une gamme majeure commencée par sa troisième note etc. Du coup pour construire un mode précis avec la méthode logique, il vous suffira de vous arranger pour piocher la gamme majeure dont est issu le mode que vous voulez.

2) Exemples d’application

Admettons que vous ayez envie de construire le mode de Mi Dorien. Un mode dorien, c’est une gamme majeure commencée par sa seconde note. Du coup, puisqu’on veut le mode de Mi Dorien, on va s’arranger pour piocher la gamme majeure dont la seconde note est un Mi. Comme ça, en commençant cette gamme par sa seconde note, on obtiendra le mode de Mi Dorien. Logique non ? Donc si ma gamme majeure à pour seconde note le Mi, alors elle a pour première note le Ré.

Bilan des courses : pour construire un mode de Mi Dorien, il suffit de prendre une gamme de Ré Majeur et de la commencer par sa seconde note.

Autre exemple : on va construire le mode de Do Lydien.

Puisqu’on veut un mode lydien, il va falloir prendre une gamme majeure et la commencer par sa quatrième note. Et puisqu’on veut le mode de Do Lydien, il va falloir prendre la gamme dont la quatrième note est le Do. Si la quatrième note de cette gamme est un Do, alors Si est la troisième, La la seconde et Sol la première.

Conclusion : Pour construire le mode de Do Lydien, il suffit de prendre la gamme de Sol Majeur et de la commencer par sa quatrième note.


II / La méthode de la structure

1) Principe de la méthode

On utilise traditionnellement cette méthode pour construire les gammes. Mais puisque les modes sont des dérivés des gammes, il est tout à fait possible de l’utiliser pour les construire.

Cette méthode consiste à respecter la structure générale du mode. Par exemple, dans la partie précédente on a vu que n’importe quel mode lydien possédait la même structure avec les demi-tons placés entre les degrés IV / V et VII / I. De ce fait, si vous vous arrangez pour que votre suite de notes respecte cette structure, vous serez en présence d’un mode lydien. Idem, si vous souhaitez construire un mode mixolydien, il vous suffira de respecter la structure du mode mixolydien avec les demi tons placés entre les degrés III / IV et VI / VII pour l’obtenir.

2) Exemples d’application 

On va construire ensemble le mode de Sol Lydien.

Première étape : On commence par la première note du mode.

La première note du mode lui donne son nom. Puisqu’on veut un mode de Sol Lydien, la première note du mode sera donc Sol. (Jusque-là tout va bien). 🙂

Deuxième étape : On construit les différentes notes du mode.

Tout comme une gamme, un mode est constitué de huit notes se suivant directement dans l’ordre (sept notes différentes, et la dernière qui est la première répétée à l’octave).

Troisième étape : On calcule les intervalles naturellement présents au sein de cette suite de notes.

En l’état, les demi tons sont placés entre les degrés III / IV et VI / VII.

Quatrième étape : On s’arrange pour respecter la structure générale du mode lydien.

Pour l’instant, les demi-tons sont placés entre les degrés III / IV et VI / VII. Or pour obtenir un mode lydien, il faudrait qu’ils soient placés entre les degrés IV / V et VII / I. Comment arriver à ce résultat ? En ayant recourt au pouvoir magique des altérations.

On va opérer à un double changement (oui, comme au foot). Premier changement : on va mettre un dièse sur le Do. Grâce à ça, on aura plus qu’un demi-ton entre les degrés IV / V (Do# / Ré) et en même temps, l’écart entre les degrés III / IV (Si / Do#) va passer d’un demi-ton à un ton. (Si vous avez encore du mal à comprendre l’influence des altérations sur les intervalles, je vous conseille d’aller jeter un œil à mon tutoriel vidéo sur les intervalles en cliquant ici).

Deuxième changement : même logique, on va mettre un dièse sur le Fa. Grâce à ça, il n’y aura plus qu’un demi ton entre les degrés VII / I (Fa# / Sol) et en même temps l’écart entre les degrés VI / VII (Mi / Fa#) va passer d’un demi-ton à un ton.

Et voilà ! Grâce à ce double changement, on y est. On a bien la structure du mode lydien et donc par extension, notre mode de Sol Lydien.

Un autre exemple pour la route histoire que tout soit parfaitement clair ? Aller, on va construire ensemble le mode de Sib Dorien.

La logique est exactement la même que précédemment. La seule chose qui va changer, c’est la structure générale du mode. En effet, pour construire le mode dorien, il faudra que les demi-tons soient placés entre les degrés II / III et VI / VII du mode.

Première étape : On commence par la première note du mode.

On veut construire le mode de Sib Dorien. La première note du mode sera donc un Sib.

Deuxième étape : On construit les différentes notes du mode.

Pas de grosse surprise à ce niveau-là, on ajoute les sept notes suivantes du mode. La dernière note sera aussi un Sib puisqu’il s’agit d’une répétition de la première note à l’octave.

Troisième étape : On calcule les intervalles naturellement présents au sein de cette suite de notes.

En l’état, les demi-tons sont placés entre les degrés IV/ V et VII / I.

Quatrième étape : On s’arrange pour respecter la structure générale du mode dorien.

Pour l’instant nos demi-tons sont placés entre les degrés III / IV et VI / VII et pour obtenir un mode dorien, il faudrait qu’ils soient placés entre les degrés II / III et VI / VII. Pour commencer, on va donc placer un bémol sur le Ré pour qu’il n’y ait plus qu’un demi-ton entre les degrés II / III (Do / Réb). Par contre avec un Réb, il y a maintenant un ton et demi d’écart entre les degrés III / IV (Réb / Mi). Il va donc falloir ajouter en plus un bémol au Mi pour qu’il n’y ait plus qu’un ton entre ces degrés. Et double effet Kiss Cool, grâce à ce Mib il y a maintenant un ton entre les degrés IV / V (Mib / Fa).

Enfin, on termine le travail en ajoutant un bémol sur le La. Grâce à lui, il y a maintenant un demi ton entre les degrés VI / VII (Sol / Lab) et un ton entre les degrés VII / I (Lab / Sib).

Et voilà ! Grâce à ces trois changements on obtient finalement la structure du mode Dorien et par extension notre mode de Sib Dorien.


III / Méthode de la note caractéristique

1) Qu’est-ce que la note caractéristique d’un mode ?

Les amis l’heure est grave : je dois vous avouer que j’ai menti.

Quoi ? En réalité tu n’es pas fan de Chuck Norris ?

Mais vous êtes fous ou quoi ? Jamais je ne me permettrai de vous trahir sur ce point. (D’ailleurs, saviez-vous que Chuck Norris était la seule personne au monde à avoir déjà compté jusqu’à l’infini ? Deux fois). 🙂

Non, en fait, dans l’article précédent j’ai volontairement omis de vous donner certaines informations sur les caractéristiques des modes pour ne pas trop vous embrouiller. (Eh oui, je vous ai encore caché des choses mais comme vous le voyez, c’est pour la bonne cause). 😉

Nous avons vu ensemble que les modes étaient caractérisés par plusieurs éléments : leur nom, leur nature, leur structure et leur sonorité. Mais il y a un autre élément dont je ne vous ai pas parlé : la note caractéristique. Qu’est-ce que la note caractéristique d’un mode ? Pour le comprendre, je vous propose de prendre un cas pratique. On va comparer ensemble la gamme de Do Majeur avec le mode de Do Lydien. (Ça aurait pu être aussi la gamme de Ré Majeur avec le mode de Ré Lydien, ou la gamme de Mi Majeur avec le mode de Mi Lydien. L’idée, c’est de comparer ensemble une gamme donnée avec un mode de même nom et de même nature).

Vous voyez qu’entre les deux, il n’y a qu’une seule note de différence : au sein de la gamme de Do Majeur il y a un Fa naturel alors qu’au sein du mode de Do Lydien, il y a un Fa dièse. Eh ben voilà, ce Fa dièse, c’est ce qu’on appelle la ‘note caractéristique’ du mode. Puisque c’est la seule note qui diffère de la gamme d’origine, c’est elle qui va donner au mode toute sa couleur musicale.

Chaque mode possède sa propre note caractéristique. Comme on vient de le voir, pour le mode lydien c’est la quarte augmentée (car il y a un intervalle de quarte augmentée entre la tonique et la note caractéristique du mode) et pour les autres modes, ça en sera une autre. Avant de vous expliquer la méthode de la note caractéristique à proprement parlé, je vous propose donc de voir dans un premier temps les notes caractéristiques de chacun des modes.

2) Les notes caractéristiques des modes

Comme je l’ai dit précédemment, pour trouver la note caractéristique d’un mode, il faut réunir deux conditions :

  1. Comparer le mode avec la gamme du même nom

Si on cherche par exemple à trouver la note caractéristique du mode Lydien, on va pouvoir comparer ensemble la gamme de Do Majeur avec le mode de Do Lydien, la gamme de Majeur avec le mode de Lydien, la gamme de Mi Majeur avec le mode de Mi Lydien etc… Il faut que la gamme et le mode aient le même nom.

       2. Comparer le mode avec une gamme de même nature

On va comparer les modes majeurs avec une gamme majeure (donc par exemple les modes de Do Lydien et Do Myxolydien avec la gamme de Do Majeur) et les modes mineurs avec une gamme mineure (donc par exemple, les modes de La Dorien, La Phrygien et La Locrien avec la gamme de La Mineur). Encore une fois, vous pouvez prendre n’importe quelle gamme comme point de comparaison tant que le mode associé soit de même nom et de même nature.

Personnellement, je vais prendre les gammes de Do Majeur et de La mineur comme point de comparaison. Do Majeur me servira de point de comparaison pour trouver les notes caractéristiques des modes majeurs (modes ionien, lydien et mixolydien), et La Mineur me servira de point de comparaison pour trouver les notes caractéristiques des modes mineurs et diminués (modes dorien, phrygien, aéolien et locrien).

a) Note caractéristique des modes majeurs

On va commencer par déterminer les notes caractéristiques des modes majeurs. Pour cela, on va les comparer à la gamme de Do Majeur.

  • Mode Ionien

Premier mode à passer sur le grill : le mode ionien. Le mode ionien correspond à la gamme majeure. Il ne peut donc pas posséder de note caractéristique puisqu’il constitue lui-même la référence.

  • Mode lydien

On vient de le voir précédemment. En comparant la gamme de Do Majeur avec le mode de Do Lydien, on a statué que la note caractéristique du mode lydien était la quarte augmentée.

  • Mode Mixolydien

Pour déterminer la note caractéristique du mode mixolydien, on va comparer la gamme de Do Majeur avec le mode de Do Mixolydien.

Entre Do Majeur et Do Mixolydien on a toutes les notes identiques sauf une : la septième. Dans le cadre de la gamme de Do Majeur le Si est naturel, alors que dans le cadre du mode de Do Mixolydien il est bémol. De ce fait, cette note-là, cette septième mineure (car encore une fois il existe un intervalle de septième mineure entre la tonique du mode et sa note caractéristique), constitue la note caractéristique du mode mixolydien.

b) Note caractéristique des modes mineurs

Passons maintenant aux notes caractéristiques des modes mineurs. On va faire la même chose que précédemment à ceci près que : puisqu’il s’agit de modes mineurs, on va prendre comme point de comparaison la gamme de La Mineur.

  • Mode aéolien

Il s’agit de la gamme mineure en elle-même. Le mode aéolien ne possède donc pas de note caractéristique.  Parfois, vous pourrez quand même lire que le mode aéolien possède comme note caractéristique la sixte mineure. Cela est lié au fait qu’en comparant la gamme mineure naturelle à la gamme majeure, c’est cette note qui se démarque le plus. Personnellement, je préfère dire que le mode aéolien ne possède pas de note caractéristique car en comparant Do Majeur à Do Mineur on ne trouve pas une note de différence mais trois. Cependant, si vous tenez vraiment à définir une note caractéristique pour le mode aéolien, alors considérez qu’il s’agit de cette sixte mineure. 😉

  • Mode Dorien

En comparant le mode de La Dorien avec la gamme de La Mineur, on se rend compte que la note de différence se situe au niveau de la sixte. On a un Fa naturel au sein de la gamme de La Mineur et un Fa dièse (c’est-à-dire une sixte majeure) au sein du mode de La Dorien. Cette sixte majeure constitue donc la note caractéristique du mode Dorien.

  • Mode Phrygien

Le mode phrygien possède une seconde mineure contrairement à la gamme mineure. Cette seconde mineure constitue donc la note caractéristique du mode.

c) Note caractéristique du mode diminué

  • Mode locrien

Je vais passer très rapidement dessus car le mode locrien est très peu utilisé dans la pratique et constitue un cas à part. La note caractéristique de ce mode est la quinte diminuée.

d) Le tableau bilan de l’enfer mis à jour avec les notes caractéristiques

3) Principe de la méthode

Bon, après cette longue digression, nous voici enfin arrivés au cœur du sujet : la méthode de la note caractéristique. Alors en quoi consiste cette méthode ? Vous allez voir, c’est très simple. Comme vous le savez, il y a à chaque fois une note d’écart entre un mode donné et sa gamme de référence (sauf pour le mode locrien qui constitue une exception). Pour construire un mode précis, il vous suffit donc de partir de la gamme homonyme et de même nature que le mode, et de lui appliquer sa note caractéristique.

4) Exemples d’application

Nous allons construire ensemble le mode de Mib Mixolydien. Le mode Mixolydien est un mode majeur (il s’agit du mode N°5 de la gamme majeure). Pour le construire, nous allons donc partir d’une gamme majeure. Et quelle gamme majeure exactement ? La gamme de Mib Majeur puisque nous souhaitons obtenir le mode de Mib Mixolydien.

On part de la gamme de Mib Majeur

Ensuite, nous savons que la note caractéristique du mode Mixolydien est la septième mineure. Il ne nous reste donc plus qu’à incorporer cette septième mineure à la gamme de Mib Majeur pour obtenir le mode de Mib Mixolydien. Pour cela, il suffit simplement d’ajouter un bémol sur le Ré.

En ajoutant une septième mineure, on obtient le mode de Mib Mixolydien

Un dernier exemple pour être sûr que tout soit parfaitement clair ? Aller. On va cette fois-ci construire le mode de Fa# Phrygien. Le mode phrygien est un mode mineur (il s’agit du mode n°3 de la gamme majeure). Pour le construire, nous allons donc partir d’une gamme mineure. En l’occurrence, nous allons partir de la gamme de Fa# Mineur puisque nous souhaitons obtenir le mode de Fa# Phrygien.

On part de la gamme de Fa# Mineur

La note caractéristique du mode phrygien est la seconde mineure. Pour obtenir le mode de Fa# Phrygien, on va donc s’arranger pour que la seconde de la gamme de Fa# Mineur soit mineure. Pour cela, il suffit de mettre un bécarre au Sol.

Avec une seconde mineure, on obtient le mode de Fa# Phrygien

Et voilà les amis ! Vous connaissez maintenant absolument tout des modes ! (En même temps, après avoir rédigé plus de 10 000 mots sur le sujet, je l’aurai mal pris si ce n’était pas le cas). 😉 Il ne me reste plus qu’à vous donner rendez-vous dans la quatrième et dernière partie de ce dossier. Cette partie sera un peu différente des autres car elle sera au format vidéo. Avec mon ami Nico, nous vous y montrerons comment utiliser concrètement les modes pour composer et improviser. En attendant, si vous avez des questions par rapport à l’article ou des Chuck Norris Facts à me partager, c’est dans l’espace commentaires ci-dessous que ça se passe. 😉

[MAJ]: La partie 4 du dossier est en ligne ! Pour la lire, c’est par ici que ça se passe: “Les modes en musique (article 4/4): Utilisation pratique des modes“.

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28 commentaires


  • Pierre Schobyn

    A quand la 4ème partie, s’il te plaît, Alex?

    Répondre

    • maresq

      salut a quand pour la prochaine video merci

      Répondre

  • Adrien

    Très bon article qui éclaire pas mal de chose au sujet des modes, sujet très compliqué à expliquer clairement sans embrouiller tout le monde. Mais on a pas parlé des modes relatifs comme sur les gammes relatives … 😀

    Le mode Lydien relatif du dorien
    Mode mixo relatif du phrygien
    #Jembrouilleunpeuplus

    Répondre

    • Alex

      Haha j’avoue ! Mais au final, la logique est la même que pour passer d’une gamme à sa relative. 😉

      Répondre

  • Marc Bruggemans

    Bonjour Alex,
    Merci pour ce troisième dossier concernant les modes.
    J’ai acheté le livre Composer sa Chanson de A à Z, c’est très clair et bien expliqué. Merci.
    J’attends avec impatience le dernier dossier concernant les modes.
    Merci d’avance

    Répondre

    • Alex

      Merci d’avoir acquit mon livre sur la composition Marc, et ravi que mon dossier sur les modes te plaise. 🙂 A très bientôt pour la quatrième partie !

      Répondre

  • Conrad Laplante

    Merci beaucoup, Alex ! Toujours très intéressant, très enrichissant !

    Répondre

  • Maurice GABRIEL

    Merci pour cet article super intéressant, mais la méthode de la structure est de loin pour moi la plus facile à appliquer.

    Répondre

    • Alex

      Les trois fonctionnent très bien ! Le tout c’est que tu y arrives. 🙂 Personnellement, j’aime beaucoup la méthode de « la note caractéristique ».

      Répondre

  • Dallenne

    Merci beaucoup pour ces 3 premières parties de ton dossier!!!
    Simple, Claire… la classe quoi;)
    Juste une question, les notes caractéristiques ont-elles un lien avec les gammes pentatoniques?
    Impatient de découvrir tes vidéos du 4/4.

    Répondre

    • Alex

      Bonjour Dalenne,
      Je t’en prie, ravi que l’article t’ait plu. Non ce sont deux choses différentes. 🙂 A la rigueur, on peut dire que le mode lydien avec sa quarte augmentée se rapproche de la gamme blues car la gamme blues correspond à la gamme pentatonique mineure à laquelle on ajoute la quarte augmentée (aussi appelée blue note).

      Répondre

  • André

    Merci pour tes explications rigoureuses des modes, un sujet très complexe pour un débutant, souvent peu expliqué dans les cours de solfège. J’ai une question sur les définitions relatives d’un mode et d’une gamme. La définition suivante, est-elle correcte: chaque mode (ionien, dorien……) a une suite d’intervalles donnés (ton ou 1/2 ton) qui appliqués à chaque tonalité (Do ou Ré ou…Si) donnerait une gamme. Par conséquent on choisirait une tonalité par ex. Sol (avec sa suite de notes: Sol, La, Si, Do, Ré, Mi, Fa), et on ferait sonner cette tonalité dans un mode parmi les nombreux modes existants?
    Merci pour ta réponse.

    Répondre

    • Alex

      Salut André,
      Je t’en prie, je suis heureux de savoir que mon dossier t’aide à y voir plus clair. 🙂 Pour répondre à ta question, il faudrait plutôt prendre le problème dans l’autre sens: une gamme donnée peut créer 7 modes différents. Chacun de ces modes possède une structure caractéristique (par exemple le mode issu de la note numéro 2 d’une gamme sera toujours le mode dorien, le mode issu de la note numéro 3 sera toujours le mode phrygien etc…). Et à partir de là, en connaissant la structure caractéristique du mode tu peux créer n’importe quel mode comme je l’explique dans l’article. 😉

      Répondre

  • ndajbf37@gmail.com

    Bjr Alex.
    La clarté de ce cours m’offre la possibilité d’entrer dans le monde de l’émotion artistique et d’éprouver le désir de l’art.
    Merci .c’est un riche et généreux cours.Nous attendons la suite incessamment.

    Répondre

  • Dassonville

    merci beaucoup, chaque nouvel article est dévoré !

    Répondre

  • MONNIER MARTINE

    bonjour Alex,
    j’ai relu 4 fois le chapitre mode 2/4 et le mode 3/4

    dans le dernier exemple le mode Fa dièze phrygien il y aun ton et demi entre IV et V ,
    ainsi qu’entre VII et I : est ce normal ?

    d’autre part , pourrais tu me renvoyer un lien pour télécharger le contenu sur le mode 2/4 du 15 mars
    svp . j’ai oublié de l’enregistrer. merci

    Répondre

    • Alex

      Bonjour Martine,
      Naturellement entre Si/Do il y a un demi ton donc entre Si/Do# il y a un ton. Idem, entre Mi/Fa il y a naturellement un demi ton donc entre Mi/Fa# il y a un ton. Je t’encourage à aller voir mon tutoriel vidéo sur les intervalles pour réviser tout ça. Enfin pour obtenir la fiche recap de l’article n°2 sur les modes, il te suffit de te rendre sur celui ci en cliquant ici, et ensuite de cliquer sur le lien «  »Clique ici pour télécharger le PDF » que tu trouveras en bas de l’article.

      Répondre

  • Alexis

    De manière plus ou moins auto didacte, je construisais les modes avec la première méthode. Un peu fastidieux car à chaque fois il faut retrouver la gamme majeure correspondante.

    Je ne connaissais pas les 2e et 3eme methodes. Je crois que je vais plus construire les modes avec la troisième méthode maintenant (avec la note de référence), elle paraît plus « logique » quand on réfléchit en terme de couleur.

    Super intéressant, merci!

    Répondre

  • Luc

    Bonsoir Alex,

    Tout d’abord merci et bravo pour votre approche simple,claire et efficace de la musique.
    Je suis un amateur autodidacte et je me passionne pour chaque découverte que vous apportez .
    Je reste en attente du dernier chapitre 4/4 pour utiliser concrètement les modes.
    Un grand merci encore et à bientôt sur vos lignes…
    Bien cordialement, Luc.

    Répondre

  • JUTTET

    Salut Alex. Tes explications sur les modes sont super intéressantes. J’ai téléchargé les 3 premiers documents mais n’ai jamais trouvé le 4èm. Est-ce une erreur de ma part ou bien le 4èm n’est pas encore sorti?
    Si tu as quelques instants pour me répondre, je t’en remercie à l’avance.René

    Répondre

    • Alex

      Il n’est pas encore sorti René mais ça ne saurait tarder.Je ne manquerai pas de t’avertir lorsque ce sera le cas. 😉

      Répondre

  • Akai Ha

    Salut! J’ai découvert ton site il y a quelques jours et j’aime beaucoup. L’humour et les comparaisons improbables rendent la leçon plus légère et facile à apprendre. Merci!
    Ps: quand Chuck Norris tombe, c’est le sol qui a mal.

    Répondre

  • guy

    Après avoir suivie ton cour sur les modes avec intérêt, ( à ce propos merci et bravo pour tes explications claires et complètes),
    j’ai réfléchie à une méthode qui pourrait me simplifier la vie pour retrouver facilement les notes qui composent un mode en fonction de sa dominante.
    J’ai remarqué que les écarts entre les modes sont toujours identiques : T-T-1/2T-T-T-T-1/2T ( T=1 ton et 1/2T= un demi ton ) pas trop difficile à retenir car il s’agit des écart de la gamme majeur.
    La petite difficulté est que ces écarts ne sont pas en montant mais en descendant.
    Du coup si on prend la gamme de C cela fait: C-T = Bb-T = Ab-1/2T = G-T = F-T = Eb-T = Db-1/2T = C
    donc:
    pour C pour G

    Ionien : notes de la gamme de C Ionien : notes de la gamme de G
    Dorien : notes de la gamme de Bb Dorien : notes de la gamme de F
    Phrygien : notes de la gamme de Ab Phrygien : notes de la gamme de Eb
    Lydien : notes de la gamme de G Lydien : notes de la gamme de D
    Mixolydien : notes de la gamme de F Mixolydien : notes de la gamme de C
    Aeolien : notes de la gamme de Eb Aeolien : notes de la gamme de Bb
    Locrien : notes de la gamme de Db Locrien : notes de la gamme de Ab
    Ionien : notes de la gamme de c Ionien : notes de la gamme de G

    etc…..
    Avec le cercle des quintes il est aisé d’en déduire les notes à jouer en fonction de la dominate du moins il me semble.
    Suis je dans le vrais et du coup puis-je ou oi pas appliquer cette réflexion à tous les coups?

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  • emmy

    bonjour,j’avais une question.Pour être sûr d’avoir tout bien compris,dans le « tableau de l’enfer » tu à mis pour chaque mode leurs notes caractéristiques,cela veut dire que ces notes caractéristiques marche pour tout les modes c’est ça?exemple=dans le tableau la note caractéristiques du mode mixolydien est la septième mineur,donc est-ce que la septième mineur est la note caractéristique de tout les modes mixolydien ?donc ex: ré mixolydien,fa mixolydien,do mixolydien ,etc?
    merci de vos réponses 🙂

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  • Joffrey

    Bonjour Alex,

    Avant tout, merci pour ces explications !
    Concernant la méthode des notes caractéristiques, tout est ok pour les modes majeurs et mineurs, cependant, quelle gamme de référence utilises tu lorsque tu parles de quinte diminué pour le mode Locrien ?

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  • Sergeiboutchouk

    Merci, très très clair et fun.
    Et ma préférée :
    Un jour, la mort a frôlé Chuck Norris.

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