La portée en musique: la base de la partition

En musique, la portée constitue la base de la partition. C’est en effet sur la portée musicale que sont inscrits les différents éléments musicaux comme la clé, la tonalité, la signature rythmique, les notes ou les silences.

I / Qu’est-ce que la portée en musique ?

En musique, la portée désigne un ensemble de 5 lignes horizontales parallèles et de 4 interlignes (c’est-à-dire l’espace formé par ces lignes) que l’on retrouve sur chaque partition.

portée musique

Les 5 lignes et 4 interlignes de la portée sont numérotées du bas vers le haut.

La première ligne de la portée correspond donc à celle du bas, et la cinquième ligne à celle du haut. De même, le premier interligne correspond à l’espace situé entre la première et deuxième ligne de la portée, et le quatrième interligne correspond à l’espace située entre la quatrième et la cinquième ligne de la portée.

II / A quoi sert la portée en musique ?

Pour bien comprendre le rôle de la portée musicale, il faut déjà savoir pourquoi est-ce qu’elle a été créée en premier lieu.

1) Les origines de la portée musicale

Revenons un peu en arrière : plus précisément au XIème pendant le Moyen Age. A cette époque, la musique était principalement liturgique et la partition n’existait pas.

Pour se transmettre les morceaux, les moines utilisaient le bouche à oreille et les « neumes » : un ensemble de symboles indiquant approximativement les variations de la voix par rapport au texte du chant. (Plus aigu, plus grave etc…).
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Le problème, c’est que cette façon de faire était loin d’être précise. Par exemple, rien n’indiquait le degré précis de variation de la voix. Donc fatalement, au fur et à mesure des transmissions, les morceaux finissaient par être modifiés.

Si vous voulez expérimenter ce phénomène par vous-même, je ne peux que vous conseiller de jouer au jeu « passe-parole ». 🙂

Le principe est simple : vous devez dire tout bas une phrase à votre voisin, qui lui-même doit la répéter à son voisin, et ainsi de suite jusqu’à arriver au bout de la chaîne. La dernière personne de la chaîne doit alors répéter tout haut ce qu’elle a entendu.

Faites l’expérience, c’est génial. Vous pouvez commencer la chaîne par les mots « gâteaux secs » et finir par obtenir « barbecue », ça n’a aucun sens. ^^

Mais trêve de gâteaux secs et de barbecue, revenons-en à nos moutons (ou plutôt à nos moines). 🙂 Un jour, pour rendre le système de notation musical un peu plus précis, un moine eu l’idée de tracer une ligne horizontale au milieu des neumes.

Cette ligne faisant office de repère, il était alors beaucoup plus facile de connaître les degrés de variation de la voix.

La portée musicale était née.

Ensuite, ce système s’est complexifié au fur et à mesure des siècles (en ajoutant une ligne supplémentaire puis une autre etc.) jusqu’à arriver à la portée moderne à 5 lignes et 4 interlignes que nous connaissons tous aujourd’hui.

Pour l’anecdote, c’est au moine italien « Guido d’Arezzo » que l’on attribue l’origine de la notation musicale sur portée, mais c’est seulement à la Renaissance que la portée à 5 lignes et 4 interlignes fut définitivement établie.

Pourquoi ce nombre de 5 lignes et 4 interlignes me demanderez-vous ? Tout simplement parce qu’il s’agit du bon compromis entre un nombre de lignes suffisamment nombreux pour être précis, mais suffisamment restreint pour ne pas perdre le musicien.

Origine des notes de musique et de l'écriture musicale - Paloma Valeva

Guide d’Arezzo, le père de la partition musicale

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En définitive, la portée a donc été établie parce que grâce à ces lignes et à ces interlignes, il s’agit du système le plus efficace pour retranscrire (et donc apprendre) la musique. Et aujourd’hui encore, même après plusieurs siècles d’utilisation, c’est toujours le cas.

2) Le rôle de la portée musicale aujourd’hui

Comme nous venons de le voir, la portée permet au musicien de retranscrire au mieux sa musique sur partition. La portée constitue donc la base de la partition.

Très concrètement, c’est sur la portée que sont inscrits les différents éléments musicaux. (D’ailleurs c’est de là que vient le nom « portée » : parce qu’elle porte les différents éléments musicaux sur ses lignes et dans ses interlignes).

Plus précisément, on retrouve sur la portée :

  1. La clé : c’est elle qui permet de déterminer le nom et la hauteur des notes. (Voir mon article « Les clés en musique: clé de Sol, clé de Fa, clé d’Ut« )
  2. L’armure : ce sont les altérations à la clé. C’est grâce à elle que l’on peut déduire la tonalité du morceau. (Voir mon article « Comment déterminer la tonalité d’un morceau ? »)
  3. La signature rythmique : c’est une fraction qui donne toutes les informations sur la façon dont est structuré rythmiquement le morceau. (Voir mon article « Comment déchiffrer une signature rythmique »)
  4. Les notes : parfois accompagnées d’altérations comme le dièse, le bémol ou le bécarre. (Voir mes articles « Les notes de musique » et « Les altérations en musique« )
  5. Les silences : qui indiquent une interruption du son. (Voir mon article « Les silences en musique« ).

Et autour de la portée, on retrouve également les symboles de la partition comme les nuances. (Voir mon article «Comprendre les nuances en musique»).


III / Position des différents éléments musicaux sur la portée

1) La clé, l’armure et la signature rythmique

Ces trois éléments possèdent une position fixe sur la portée musicale.

C’est-à-dire que l’on retrouvera toujours la clé musicale (clé de Sol, clé de Fa ou clé d’Ut) en début de portée, puis à côté de la clé se trouvera toujours l’armure du morceau, et à côté de l’armure se trouvera toujours la signature rythmique.
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2) Les silences

Les silences sont quant à eux inscrits au milieu de la portée.

Plus précisément, parmi les cinq principales figures de silence on retrouvera le soupir, le demi soupir et le quart de soupir inscrit en milieu de portée, la demi-pause posée sur la troisième ligne de portée, et la pause suspendue à la quatrième ligne de portée.

3) Les notes

Contrairement aux éléments précédents, les notes (parfois accompagnées de leurs altérations) peuvent se retrouver un peu partout sur la portée. On peut par exemple avoir des notes situées en bas de portée, en milieu de portée ou en haut de portée.

La position des notes sur la portée n’est pas anodine. Elle donne des informations très précises sur la note en question. Dans la prochaine section de cet article, je vous propose donc de comprendre la logique de position des notes sur la portée.

IV / Les notes de musique sur la portée

1) Sens de lecture des notes sur la portée

La première chose à savoir, c’est que comme un bon livre, les notes inscrites sur la portée se lisent de gauche à droite et de haut en bas. (Comment ça ce n’est pas super palpitant comme livre ? La lecture de partitions, c’est aussi haletant qu’un tome d’Harry Potter). ^^
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D’ailleurs, si vous souhaitez être capable de déchiffrer facilement n’importe quelle partition, mais aussi comprendre en profondeur la façon dont fonctionne la musique, je vous invite à découvrir ma formation en ligne « Solfège Pratique ».

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2) Emplacement des notes de musique sur la portée

Les notes de musique peuvent être inscrites au choix sur les lignes de portée, ou dans les interlignes de portée.

                                                                     Notes sur les lignes                                              Notes dans les interlignes

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A partir de là, voici toutes les notes de musique que l’on peut retrouver sur la portée musicale :

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Vous remarquerez qu’en plus des 5 lignes et des 4 interlignes, on peut inscrire une note dans l’interligne situé en-dessous de la première ligne, et dans l’interligne situé au-dessus de la cinquième ligne.

Comme dans le jeu du loup, tant que ça touche, ça compte ! (Après le jeu « passe parole », le jeu du loup. N’hésitez pas à m’appeler au 08.36.65.65.65 pour animer vos soirées). ^^

3) Hauteur des notes de musique sur la portée

La position des notes sur la portée a également une signification particulière : plus les notes se trouveront bas sur la portée, et plus elles seront graves. Au contraire plus elles se situeront haut sur la portée, et plus elles seront aigües

La portée permet donc de représenter ce qu’on appelle les hauteurs de notes.

4) Les lignes de portée supplémentaires

Dans la section précédente, je vous ai montré toutes les notes pouvant être inscrites sur la portée.

Mais arrivé à ce point de l’article, je suis sûr qu’une question vous brûle les lèvres : est-ce que tu vas parler du jeu chat perché ? : comment faire si l’on veut inscrire des notes plus graves que la première note de la portée, ou des notes plus aigües que la dernière ?

Pour cela rien de plus simple : on va utiliser ce qu’on appelle des lignes supplémentaires.

Comme leur nom l’indique, les lignes supplémentaires correspondent à des lignes de portée supplémentaires, sauf qu’elles sont spécifiques à la note.

Par exemple pour la première note du schéma ci-dessus, c’est comme si on avait deux lignes supplémentaires de portée sous la première ligne, mais hop, on les supprime pour les garder seulement au niveau de la note.

Pour la seconde note encadrée, c’est comme si on avait une ligne supplémentaire au-dessus de la cinquième ligne de portée, mais hop, on la réduit juste à la hauteur de la note.

Et vous voyez que la logique de « note sur la ligne » ou « note dans l’interligne » est respectée même pour les notes avec des lignes supplémentaires. Par exemple, la première note du schéma se situe « dans un interligne » alors que la seconde se situe « sur une ligne ».

Enfin, notez qu’il n’y a pas de nombre limite de lignes supplémentaires. Vous pouvez en ajouter autant que vous le voulez. Par exemple dans la chanson Space Dementia de Muse, on voit qu’il y a des notes qui possèdent jusqu’à quatre lignes de portée supplémentaires !

Une image contenant texte, antenne, capture d’écran Description générée automatiquement

V / Les systèmes de portées en musique

Et enfin, pour terminer cet article sur la portée comme il se doit, il ne me reste plus qu’à vous parler des systèmes de portée.

Qu’est-ce qu’un système de portées ? Il s’agit tout simplement d’un groupe de plusieurs portées qui forme un tout. On le reconnaît par l’accolade située à la gauche des clés qui lie ensemble les différentes portées.

Une image contenant antenne Description générée automatiquement

Par exemple, les partitions piano sont des systèmes de portées. Dans ce cas, il faudra appréhender les deux portées (souvent celle de la clé de Sol et de la Clé Fa) simultanément. Les notes situées directement l’une au-dessus de l’autre devront donc être jouées en même temps.

Il existe également des systèmes à plus de deux portées, comme par exemple les partitions de chœur à quatre voix (soprano, alto, ténor et basse) ou les partitions d’orchestre. Là encore, l’intégralité des portées regroupées par l’accolade devront être abordées simultanément.

Voilà les amis pour ce gros article sur la portée en musique. J’espère qu’il vous a plu ! Ça me semblait important de vous détailler ce sujet car comme je l’ai mentionné dans mon introduction, la portée constitue vraiment la base de la partition.

Si un jour vous voulez pouvoir lire des partitions comme vous lisez un bon livre, c’est par là qu’il faut commencer !

Bien entendu, si mon travail vous a plu, n’hésitez pas à partager l’article sur vos réseaux. Tel Guido d’Arrezzo je compte sur vous pour répandre la bonne parole du solfège. 😀 Si vous avez une question, n’hésitez pas non plus à me la poser dans les commentaires. Je prends toujours le temps de les lire et d’y répondre. 🙂

Enfin, si vous souhaitez passer un cap dans votre apprentissage de la théorie musicale parce que vous en avez marre de galérer et de ne rien comprendre, suivez la formation Solfège Pratique comme l’ont fait plus de 1000 personnes avant vous !

Vous retrouverez toutes les informations sur cette formation en cliquant sur le bouton ci-dessous :
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Sur ce les amis, je vous dis à très bientôt pour de nouveaux articles.

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13 commentaires


  • Sébastien de Guitare-Pratique

    Cet article est une excellente initiative. Revenir sur les bases de la portée et l’histoire permet de poser solidement les connaissances, mais aussi de désacraliser cet outil fantastique. De mémoire, la première portée comportait 11 lignes afin de couvrir l’ensemble des tessitures. Puis devant les difficultés auxquelles étaient confrontés les musiciens, la portée fut scindée en 2 x 5 lignes plus une ligne d’entre-portée que l’on ne dessine pas. La clé de sol a été ajouté à la portée supérieure pour les voix aiguës, et la clé de fa sur la portée inférieure pour les voix grave. Les clés d’un servent pour les voix intermédiaires.
    Merci pour cet article 🙂

    Répondre

    • Alex

      Hello Sébastien,

      Merci pour ton commentaire ! C’est effectivement important de revenir aux bases de temps en temps. 🙂

      De ce que j’ai pu lire (notamment à la page 8 du livre « Théorie de la Musique » de Danhauser), la portée à 11 lignes était seulement théorique. Elle n’a pas été utilisée de manière effective. Mais elle a été créée car elle permettait de rassembler au sein d’un seul et même endroit les notes chantées par la voix humaine. Ensuite tu as raison, cet ensemble a été découpé en plusieurs parties. Les cinq lignes supérieures (pour les notes aigues) seraient celles de la clé de Sol, celles au centre (pour les notes mediums) seraient celles de la clé d’Ut, et les 5 lignes inférieures (pour les notes graves) seraient celles de la clé de Fa.

      Je parlerai justement de tout ça dans mon prochain article dédié aux clés musicales. 🙂

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  • Peter

    Bonjour Alex,
    Excellent article, intéressant et instructif, mais tu dis, au passage, que les notes sur la portée se lisent de Haut en Bas ? Il me semble qu’elles se lisent de Bas en Haut, non ? (Do Ré, Mi …)
    Peter

    Répondre

    • Alex

      Salut Peter,

      Je parle du sens général de lecture d’une partition. Lorsque tu as une partition sous les yeux, tu vas la lire de gauche à droite et de haut en bas comme un livre. (Si elle se lisait seulement de bas en haut, à la fin de ta lecture tu aurais un torticolis à force de lever la tête). 😉

      Toi tu fais référence au cas où plusieurs notes se superposent sur la portée (que ce soit sur une portée simple ou sur un système de portées), et dans ce cas effectivement cette suite de notes sera à appréhender de bas en haut. Mais une fois que tu aurais fini de l’appréhender, tu pourras passer à la note juste à côté, d’où le fait que je dise qu’une partition se lise de gauche à droite. 😉

      Répondre

  • Rodrigue Raïssa Tref TATY MAKAYA

    Bonjour !
    Je suis très ravi de faire votre connaissance, et d’avoir un don en face de moi pour m’enseigner le dont, je comprends très.
    J’ai juste un petit soucis qui me taraude l’esprit, c’est de savoir comment jouer les signes sur le clavier ?

    Très cordialement
    Rodrigue TATY

    Répondre

  • Peracca

    Merci , très clair et concis l’essentiel est là
    Cela me réconcilie avec la théorie

    Répondre

  • Alex

    Merci pour ce site web

    Répondre

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