Les silences en musique : pause, soupir, demi-soupir…

En musique, les silences sont des symboles que l’on retrouve sur la partition et qui indiquent une interruption du son. Dans cet article, nous verrons les principales figures de silences qui existent (la pause, le soupir, le demi-soupir…) et la valeur de chacune d’entre elle.

I / Le silence en musique

1) Qu’est-ce qu’un silence en musique ?

Dans la musique, il y a bien évidemment les notes qui sont jouées mais il y a aussi les silences.

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Un silence, c’est tout simplement une interruption du son. Pendant un silence, le musicien ne joue pas de son instrument. Il laisse… un silence.

2) A quoi servent les silences en musique ?

Les silences sont aussi importants que les notes. Pour vous illustrer cette idée, je vais vous faire un petit parallèle avec le langage.

Lorsqu’on parle, on ne débite pas des mots de façon ininterrompue. (Sauf Eminem dans la chanson « Rap God »). ^^ Non lorsqu’on parle, on aligne des mots, mais on laisse aussi des espaces entre ces mots (et entre nos différentes phrases), pour structurer notre discours. Autrement dit, c’est grâce aux silences que notre discours peut avoir du sens.

Eh bien en musique, c’est exactement la même chose. Si les instruments jouaient de façon ininterrompue, ce serait difficilement compréhensible. Il faut donc laisser des silences pour structurer le discours musical et ainsi lui donner du sens.

Ecoutez vos morceaux préférés vous allez voir, c’est flagrant : le chanteur laisse des silences à la fin de ses phrases, parfois la batterie s’arrête pour revenir de plus belle, des violons apparaissent puis disparaissent… Tous ces instants de silence permettent ainsi de donner du relief au morceau et de le faire vivre.

II / Les figures de silences

1) Les 5 figures de silences

Dans mon article sur les notes de musique, je vous avais expliqué que c’était la forme de la note qui indiquait sa durée.

Il existe plusieurs formes de notes (qu’on appelle les figures de notes) et chacune de ces formes indique la durée sur laquelle jouer la note.

Pour les silences, c’est exactement la même chose : il existe plusieurs « symboles de silences » (qu’on appelle les « figures de silences ») et chacune de ces figures indique la durée pendant laquelle il faudra interrompre le son.

Il existe cinq principales figures de silences : la pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, et le quart de soupir.

Note pour les puristes : Il existe d’autres figures de silences comme le bâton de pause, le huitième de soupir et le seizième de soupir, mais je ne les ai pas mis dans le tableau car vous les rencontrerez très rarement.

2) Position des figures de silences sur la portée

Vous voyez que la pause et la demi-pause ont des apparences assez similaires. La différence entre les deux, c’est que la pause est suspendue à la 4ème ligne de la portée alors que la demi-pause et posée sur la 3ème ligne. Petit moyen mnémotechnique pour réussir à bien distinguer les deux :

  • La pause est pendue
  • La demi-pause est déposée

Pour ce qui est des autres figures de silences, comme je l’ai mentionné dans mon article sur la portée en musique, elles seront inscrites au milieu de la portée.

III / La valeur des figures de silences

Comme nous venons de le voir, chaque figure de silence indique une durée bien précise d’interruption du son. Mais combien de temps de silence vaut chacune de ces figures de silence ?

Comme pour les figures de notes, la première chose à savoir, c’est leur valeur relative. C’est-à-dire combien de temps est ce que ces figures de silences valent les unes par rapport aux autres. (Si ce n’est pas encore fait, je vous invite grandement à lire mon article sur la valeur des notes de musique, ça vous aidera grandement à comprendre ce qui va suivre !).

1) La valeur relative des figures de silences

Dans mon tableau des figures de silences, j’ai mis tout en haut la pause, puis en dessous la demi-pause, puis le soupir, le demi-soupir et enfin le quart de soupir.

Si j’ai choisi cette disposition ce n’est pas seulement pour faire joli (même s’il faut bien avouer que mes schémas faits sur paint sont particulièrement classes) : c’est parce que les différentes figures de silences sont liées entre elles par une relation mathématique : chaque figure de silence vaut la moitié de celle qui la précède, mais la double de celle qui la suit.

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Concrètement, une demi-pause vaut donc la moitié d’une pause (d’où son nom), mais le double d’un soupir. Un soupir vaut la moitié d’une demi-pause, mais le double d’un demi-soupir. Un demi-soupir vaut la moitié d’un soupir (d’où son nom encore une fois), mais le double d’un quart de soupir etc.

A partir de là, on peut dresser un grand schéma d’équivalence :

2) Correspondance entre figures de notes et figures de silences

Si vous avez été attentif à mes différents articles (et je suis sûr que vous l’avez été parce que vous êtes des lecteurs assidus de Composer sa Musique qui êtes même abonnés à la chaîne Youtube ), vous aurez remarqué qu’il y a d’un côté les cinq principales figures de notes, et de l’autre côté les cinq principales figures de silences.

On aussi vu que ces figures de notes et de silences étaient liées entre elles par la même relation mathématique : chaque figure vaut la moitié de celle qui la précède mais le double de celle qui la suit.

On en déduit donc que pour chaque figure de note qui existe, il existe une figure de silence de même valeur (et inversement).

  • La ronde est de même valeur que la pause
  • La blanche est de même valeur que la demi-pause
  • La noire est de même valeur que le soupir
  • La croche est de même valeur que le demi-soupir
  • Et la double croche est de même valeur que le quart de soupir

3) La valeur absolue des figures de silences

A ce stade de l’article, vous connaissez la valeur relative des différentes figures de silences, et vous connaissez même leur correspondance avec les figures de notes. C’est bien beau tout ça, mais ça ne nous dit toujours pas leur valeur absolue. Alors combien de temps exactement vaut chacune de ces figures de silences ?

Généralement, on entend dire que la pause vaut 4 temps, la demi-pause vaut 2 temps, le soupir 1 temps, le demi-soupir ½ temps et le quart de soupir ¼ de temps.

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Tout comme c’est le cas avec la valeur absolue des figures de notes, la valeur absolue de ces figures de silences est vraie, mais elle n’est pas toujours vraie.

Par exemple, il y a des morceaux où le soupir n’est pas égal à 1 temps mais à 2 temps, ou même à ½ temps. Tout va dépendre en fait de l’unité de temps du morceau. L’unité de temps, c’est la figure de note qui a été choisie pour être égale à un temps.

Par exemple, dans un morceau où la noire est l’unité de temps, alors noire est égale à un temps. A partir de là, on peut en déduire la valeur absolue des autres figures de notes (blanche est égale à deux temps car une blanche vaut deux noires etc.), mais aussi la valeur absolue des différentes figures de silences puisqu’il existe une correspondance entre figures de notes et figures de silences.

Ainsi, avec la noire comme unité de temps, alors le soupir vaut 1 temps, la demi pause 2 temps, la pause 4 temps, le demi soupir ½ temps et le quart de soupir ¼ de temps.

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Mais si c’était la croche qui avait été choisie comme unité de temps, alors on aurait eu croche est égale à 1 temps. Dans ce morceau, le demi-soupir aurait donc été égal à 1 temps, le soupir à 2 temps, la demi-pause à 4 temps et ainsi de suite.
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IV / Les mesures de silence

1) Indiquer une mesure complète de silence

Sur partition, il est d’usage de mettre une pause pour indiquer une mesure complète de silence.

Par exemple, si un morceau en 4/4 contient tout une mesure de silence, on mettra une pause dans cette mesure. (Pour rappel, en 4/4 on a 4 temps par mesure et la noire est l’unité de temps). Avec les différentes figures de silences, théoriquement on aurait aussi pu mettre dans la mesure deux demi-pauses ou quatre soupirs. Mais dans la pratique ça ne se fait pas, on met toujours une pause.

Et même si ça peut paraître surprenant, cette règle de la pause s’applique quel que soit le nombre de temps compris dans la mesure.

Par exemple, dans un morceau en 2/4, il y a 2 temps par mesure et la noire est l’unité de temps. Donc logiquement, pour indiquer une mesure de silence on aurait dû utiliser une demi-pause. (Puisque dans ce morceau il y a 2 temps par mesure et la demi-pause vaut 2 temps). Mais là encore, on utilisera par convention une pause. (Même si dans ce morceau la pause vaut 4 temps).

2) Indiquer plusieurs mesures successives de silence

Pour indiquer plusieurs mesures de silences successives (dans le cadre par exemple d’un instrument au sein d’un orchestre qui ne jouerait qu’à un moment précis du morceau), plutôt que d’enchaîner les mesures de pauses, il est également possible d’utiliser un autre symbole de silence.

Ce symbole correspond à un long trait horizontal gras placé sur la troisième ligne de la portée, entouré par deux petits traits verticaux, et surplombé par le nombre de mesures de silence à respecter.

Ainsi, ce fragment de partition:

Peut aussi s’écrire de cette façon :


Conclusion

Voilà les amis, avec tout ça vous devriez y voir un peu plus clair sur la façon dont fonctionne les silences en musique. 🙂

Bien évidemment cet article n’est qu’une entrée en matière sur le sujet. Il existe de nombreuses autres petites subtilités que je n’ai pas traitées ici. Mais si vous voulez tout savoir sur la théorie musicale, il y a un endroit pour ça : ma formation en ligne « Solfège Pratique ».

Solfège Pratique, c’est tout simplement « THE formation » pour apprendre le solfège sur internet. (Et ce n’est pas moi qui le dis mais les nombreux témoignages des 1000 et quelques élèves qui ont déjà suivis la formation). 🙂

A l’issu de Solfège Pratique, vous serez capables de lire des partitions, d’écrire la musique, et vous comprendrez son fonctionnement (qu’est-ce qu’une gamme, un accord, à quoi ça sert etc…). Donc si vous avez envie de passer un cap dans votre apprentissage de la musique, n’hésitez pas à rejoindre l’aventure ! Vous trouverez toutes les informations concernant cette formation en cliquant sur le bouton ci-dessous :

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En attendant, si vous avez des questions en ce qui concerne l’article du jour, n’hésitez pas à me les poser en commentaires. Et comme d’habitude, si l’article vous a plu et que vous pensez qu’il pourrait aider certains de vos amis musiciens, n’hésitez pas à le partager sur vos réseaux. Sur ce, je vous dis à très bientôt pour de nouveaux contenus !

Alex, le roi du silence. 🙂

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8 Responses

    1. Je copie colle littéralement la phrase que j’ai mise sous mon tableau des figures de silences: « Note pour les puristes : Il existe d’autres figures de silences comme le bâton de pause, le huitième de soupir et le seizième de soupir, mais je ne les ai pas mis dans le tableau car vous les rencontrerez très rarement ». Et la lecture de l’article, où est-elle passée ? :p

  1. Je lis ça avec mon regard de guitariste-bassiste-chanteur depuis 50 ans, et te dis « Bravo ! », Alex : c’est très clair, très bien mis en page, pédagogique en mode étape-par-étape -> celui qui est motivé ne s’y perdra pas, sera toujours guidé.

    Moi-même, j’ai lu cette page du début à la fin sans perdre intérêt ; c’est de la belle ouvrage !

    …Mais trop détaillée pour moi — et en fait, mon plaisir n’est qu’esthétique, comme vient de le marquer mon expression.

    Ma référence en matière de solfège, harmonie, etc., etc, est le riche, dense et magnifique gros pavé qu’est « La Partition intérieure », du (génial) Suisse Jacques Siron.

    Mais pour s’y replonger de temps à autre sur tel ou tel sujet, il faut se concentrer, se mettre en mode sérieux, être prêt à tenir ouvertes plusieurs pages avec plusieurs doigts, pour alterner entre le texte sur le sujet, et les multiples liens hypertexte utiles. C’est du labeur.

    Du coup, je pourrais être client pour quelque chose qui serait intermédiaire entre cette somme très exigeante et ton approche aux explications hyper-minutieuses, qui n’est pas fait pour une sous-population comme la mienne. 😉

    C’est aussi pour manifester qu’il est bon de ne jamais cesser de réviser toute cette matière.

    Et un dernier bravo pour la somme constituée, ordonnée, liée, de toutes ces bonnes leçons qui transmettent à ton prochain la connaissance de cet art à la fois passionnant et exigeant en termes de perception précise de notions, tout comme d’exécution des gestes (ou de la phonation pour le chant).

    Amitiés musicales, ‘and keep up the good work!’

    | Lionel |
    (aka Lee-O)

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