Les gammes relatives: c’est quoi ? Comment les utiliser ?

Introduction

D’un côté, Batman. De l’autre, le joker. A première vue, tout les oppose : l’un cherche à faire régner l’ordre dans la ville de Gotham City, alors que l’autre ne vise qu’à la plonger dans le chaos.

Mais en y regardant de plus près, ces deux personnages sont beaucoup plus proches qu’il n’y paraît. Tous deux sont masqués, opèrent en dehors des lois, et sont rejetées par la société qui les abrite.

C’est même plus que ça, Batman et le Joker sont profondément liés, l’un ne peut exister sans l’autre, parce que l’ordre ne peut se définir que face au chaos, alors que le chaos ne prend son sens qu’en opposition à l’ordre. Au final, ce ne sont que les deux faces d’une même pièce.

Cette relation qui unit le Batman et le Joker, je trouve que c’est une super métaphore pour illustrer ce que sont que des gammes relatives. Parce qu’en apparence, on a affaire à deux gammes complétement différentes, alors qu’en fait elles sont profondément liées.

Alors justement, qu’est-ce que c’est que deux gammes relatives ? Quelle est cette relation qui les unie ? Et comment les utiliser concrètement pour faire de la musique ? C’est ce qu’on va voir ensemble aujourd’hui.

I / Les gammes relatives, c’est quoi ?

1) Définition de gammes relatives

On appelle « gammes relatives », deux gammes, l’une majeure et l’autre mineure, qui possèdent la même armure. Et je le rappelle, l’armure d’une gamme, ce sont ses altérations à la clé.

Par exemple Ré Majeur qui possède deux dièses à la clé et Si Mineur qui possèdent aussi deux dièses à la clé, ce sont deux gammes relatives. On est bien en présence d’une gamme majeure, de l’autre mineure, et elles partagent la même armure. Batman, le joker, qui sont profondément liés.

Idem, Lab Majeur et Fa Mineur qui ont toutes les deux 4b à la clé ce sont deux gammes relatives, tout comme Do Majeur et La Mineur qui n’ont rien à la clé, vous avez compris le principe.

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2) A chaque gamme sa relative

Ce phénomène de gammes relatives, il est loin d’être isolé. C’est même tout le contraire parce que pour chaque gamme majeure qui existe, il y a sa relative mineure. Et inversement, pour chaque gamme mineure, il y a sa relative majeure.

a) Toutes les gammes relatives

Au final, voilà des tableaux qui recensent toutes les gammes qui existent, (gammes avec une armure vierge, avec des dièses et des bémols) et qui met en lumière cette relation entre gammes relatives. (Sur chaque ligne, on retrouve à chaque fois une gamme et sa relative).

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Par exemple, Do Majeur et La Mineur sont relatives, tout comme Ré Majeur et Si Mineur, Lab Majeur et Fa Mineur etc.

b) Toutes les gammes relatives sur le cycle des quintes

Cette relation entre une gamme et sa relative, on peut aussi la retrouver sur le cycle des quintes. Parce que sur le cycle on retrouve toutes les tonalités classées par armure croissante, avec à l’extérieur les tonalités majeures et à l’intérieur les tonalités mineures.

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Du coup, dès que vous voyez deux tonalités l’une en dessous de l’autre, vous savez qu’elles sont relatives. Par exemple, La Majeur et Fa# Mineur qui ont toutes les deux 3# à la clé sont relatives, tout comme Lab Majeur et Fa Mineur etc.

Ok donc là on vient de voir comment retrouver la relative d’une gamme grâce à des supports visuels. Mais comment est-ce qu’on fait maintenant si on n’a pas le tableau des gammes ou le cycle des quintes sous les yeux ? Par exemple si on est en train de jouer avec les copains.

Pour ça c’est très simple, il suffit juste de se rappeler d’une petite relation « mathématiques ».

II / Retrouver la relative d’une gamme

Quand vous êtes en présence d’une tonalité majeure et que vous cherchez sa relative mineure, vous avez juste à descendre d’un intervalle de tierce mineure (soit un ton et demi).

Et inversement, quand vous êtes en présence d’une tonalité mineure et que vous voulez retrouver sa relative majeure, vous avez juste à monter d’un intervalle de tierce mineure.

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Je vais vous donner des exemples vous allez comprendre tout de suite. Imaginez, on est en Mi Majeur (qui a 4 dièses à la clé), et on veut trouver sa relative. Conformément à notre règle, puisque là on est en présence d’une tonalité majeure, on a juste à descendre d’un intervalle de tierce mineure pour retrouver sa relative mineure.

Donc on part du Mi, et on descend d’un ton et demi. Un demi, un, un et demi. On tombe sur Do#.

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Et ben voilà Do# Mineur c’est la relative de Mi Majeur

Autre exemple : on cherche la relative de Sib Mineur (qui a 5 bémols à la clé). Alors cette fois ci, puisqu’on est en présence d’une tonalité mineure, on va monter d’un intervalle de tierce mineure pour retrouver la relative majeure.

Donc on part du Sib et on compte : un demi, un, un et demi. On tombe sur Réb.

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Eh ben voilà, Réb Majeur, c’est la relative de Sib Mineur.

Ok donc si je récapitule : maintenant vous savez ce que c’est que deux gammes relatives, et vous êtes capables de retrouver la relative d’une gamme, que ce soit avec ou sans support visuel. Eh ben pour finir il ne reste plus qu’une seule chose : savoir comment les utiliser.

III / Utiliser les gammes relatives

Les gammes relatives elles sont surtout utiles pour ce qu’on appelle la modulation.

1) Qu’est-ce que la modulation ?

Tous les morceaux sont construits autour d’une gamme principale qu’on appelle la tonalité. Et chaque tonalité imprime ce qu’on appelle « sa couleur », c’est à dire son ambiance sur le morceau. C’est un peu comme un filtre qu’on viendrait appliquer sur une photo.

Le truc c’est qu’en musique, il est tout à fait possible de changer de tonalité au cours du morceau. Et ce procédé, c’est justement c’est ce qu’on appelle la modulation. Et donc puisque chaque tonalité possède sa propre couleur, en modulant on apporte de nouvelles sonorités au morceau. On change le filtre appliqué à la photo.

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2) Vers quelle tonalité moduler ?

Dans l’absolu quand vous êtes dans une tonalité donnée, vous pouvez moduler vers n’importe quelle autre tonalité. Mais dans la pratique, il vous sera toujours beaucoup plus facile de moduler vers une tonalité qui a une armure proche de votre tonalité d’origine.

Par exemple, si vous êtes en Do Majeur qui n’a rien à la clé, il vous sera plus facile de moduler vers du Sol Majeur qui a un dièse à la clé, que par exemple vers du Mi Majeur qui a 4# à la clé.

Pourquoi ? Parce que dans le premier cas, du fait de leur armure proche, les gammes de Do Majeur et Sol Majeur ont beaucoup de notes en commun (et donc par extension une couleur assez similaire), alors que dans le deuxième cas, puisque les gammes de Do Majeur et Mi Majeur ne partagent pas beaucoup de notes, elles auront des sonorités plus éloignées, ce qui rendra la transition plus abrupte.

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3) Moduler vers la relative

Et c’est là où on en arrive aux gammes relatives : puisque par définition elles partagent la même armure (et donc les mêmes notes), il sera très facile de moduler de l’une à l’autre.

Et l’autre effet kiss cool, c’est qu’en modulant vers la relative, on change la nature de la tonalité (on passe d’une gamme majeure à une gamme mineure ou inversement), ce qui tout de suite, change l’ambiance du morceau.

a) Modulation vers la relative majeure

En exemple, je peux vous donner la chanson Mr Jones de Counting Crows. Pour les couplets on est en La Mineur, et pour le refrain ça module vers la relative Do Majeur. Et le fait de moduler vers une tonalité majeure, tout de suite ça ouvre le morceau. Ça le rend plus lumineux.

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b) Modulation vers la relative mineure

Autre exemple, la chanson Hallelujah de Leonard Cohen. Alors ici c’est l’inverse : le début du couplet est en Do Majeur, et ensuite il module vers la relative La Mineur. Et cette fois ci, puisqu’on module vers une tonalité mineure, ça créé plus un sentiment de mélancolie.

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3) Moduler vers la relative

Alors je profite de ces exemples pour répondre à une question qu’on m’a beaucoup posée sur les gammes relatives. Souvent on va me dire « mais attends Alex, si tu prends par exemple les gammes de Do Majeur et de La Mineur, elles ont les mêmes notes. Du coup je ne vois pas ce que ça change de passer de l’une à l’autre ».

Alors oui, elles ont les mêmes notes, mais elles ont quelque chose de très différent : leur tonique. Et en fait c’est ça qui change tout.

Parce qu’un morceau en Do Majeur va énormément graviter autour de sa tonique Do. D’ailleurs on le voit très bien si on reprend le refrain de Mr Jones : les phrases commencent et finissent très souvent par un accord de Do.

Et de la même façon, un morceau en La Mineur va énormément graviter autour de sa tonique La. Là aussi on le voit très bien si on reprend les couplets de Mr Jones : ça commence toujours par un accord de La Mineur.

Donc voilà, ce qui est important ce n’est pas les notes de la gamme, c’est la façon dont elles sont organisée autour de la tonique. C’est vraiment ça qui définit la sonorité du morceau, comme votre oreille a pu l’entendre à travers les différents exemples.

Conclusion

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3 Responses

  1. Merci mille fois pour ces explications si claires. J’ai enfin compris la différence entre les 2 gammes relatives ayant les mêmes notes mais pas les mêmes dominantes!
    Bravo pour la transcription en texte et le bonus en pdf, c’est génial. Merci, merci.

  2. Super, il a fallu les explications d’Alex pour que je comprenne la différences entre les relatives. Je ne voyais pas l’intérêt de passer de l’une à l’autre puisqu’elles contiennent les mêmes notes. Une explication aussi limpide … ben … ça fait plaisir !

  3. Je ne connaissais pas le solfège et grâce à toi et à ta pédagogie et l’intelligibilité de tes articles j’ai réussi à démystifier le solfège. Je te remercie mille fois pour ton travail formidable, tu mérites bien plus de reconnaissance

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