Pourquoi est-ce que le solfège est chiant à apprendre ?

Pourquoi est-ce que le solfège, c’est chiant ? – Brève Musicale #3

La très grande majorité des musiciens considèrent le solfège comme utile et aimerait pouvoir le maîtriser. Mais de l’autre côté, ils trouvent cette activité incroyablement fastidieuse. Alors d’où vient de ce décalage ? Qu’est ce qui est à l’origine de cette image négative du solfège ?

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Retranscription texte de la vidéo

Salut les amis ici Alex de « Composer sa Musique.fr », le site qui rend accessible à tous le solfège, la compo et le home studio.

Si vous demandez à des musiciens ce qu’ils pensent du solfège, il y a de très grandes chances qu’ils vous répondent que… c’est chiant. (Voir le premier épisode de Brève Musicale « Faut-il connaitre le solfège pour faire de la musique ?« ).

Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces mêmes musiciens vont volontiers reconnaître que le solfège est un outil incroyablement puissant. Alors d’où vient ce décalage ? Pourquoi détester autant une activité que l’on juge aussi utile ? D’où vient cette image négative du solfège ? C’est ce qu’on va voir dans ce troisième épisode de Brève Musicale.


I / Une activité exigeante

Le premier élément de réponse qu’on peut apporter, c’est que les difficultés liées au solfège proviennent de l’activité en elle-même.

Déjà parce que par définition, le solfège c’est la théorie de la musique. Et donc forcément, puisque c’est une activité théorique, c’est tout de suite beaucoup plus abstrait. On a du mal à comprendre l’utilité concrète des notions présentées. C’est un peu comme les mathématiques finalement, c’est toujours difficile de conceptualiser des notions comme les racines carrées, les équations, ou les vecteurs.

En plus de ça, le solfège c’est un monde qui est vaste. Il y a énormément de choses à apprendre. Du coup face à la montagne que ça représente, on peut vite avoir le vertige et se décourager.


II / Les limites de l’enseignement du solfège

La deuxième chose qui permet d’expliquer la réputation sulfureuse du solfège, c’est la façon dont il est enseigné.

Je suis désolé mais je vais être obligé de parler des écoles de musique et des conservatoires. Alors bien sûr, il existe d’autres façons d’apprendre le solfège, comme en autodidacte ou avec un prof particulier, mais ce n’est jamais facile de se confronter au solfège seul, et tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir un prof particulier. Donc la voie d’apprentissage la plus courante, ça reste les écoles de musique et les conservatoires.

Quel est le problème avec ces institutions ? Il y en a plusieurs. Le premier c’est la finalité de leur enseignement. Les écoles de musique et les conservatoires ont été créés en France il y a plus de deux siècles pour former les musiciens à l’orchestre. Et force est de constater que même si quelques aménagements ont été faits depuis, le poids de cet héritage perdure. Aujourd’hui les écoles continuent de délivrer un programme dans le but de former des musiciens de haut niveau à l’orchestre.

En soi, il n’y a rien de mal à ça, mais ça devient problématique à partir du moment où c’est l’une des seules finalités qui existe. Parce qu’à côté, il y a plein de musiciens n’ont pas cet objectif. Il y en a plein qui veulent juste faire de la musique pour le plaisir. Et forcément, comme il y a un décalage entre leurs attentes et ce qu’on leur propose, ça créé de la frustration. Pour vous donner un parallèle, c’est un peu comme si vous souhaitiez prendre des cours de cuisine juste pour faire des bonnes bouffes avec les copains le week end, mais qu’à la place, les seules formations qu’on vous propose sont celles pour devenir chef.

« Je vais t’apprendre à cuisiner moi ! »

L’autre gros problème avec les institutions musicales, c’est qu’elles enseignent le solfège comme une entité à part. Par définition, dans une classe de solfège on étudie la théorie de la musique. Mais si on réfléchit deux minutes, on se rend compte que c’est complétement insensé d’avoir séparé au niveau de l’apprentissage cette partie théorique de la musique de la partie pratique. Parce que le but du solfège, c’est quand même d’étudier la théorie dans le but d’améliorer sa pratique. Il y a un lien entre les deux. Or si on isole la théorie, on coupe ce lien et le solfège devient une fin en soi. C’est-à-dire qu’on apprend la théorie juste pour la théorie. Donc dans ces conditions, c’est normal que le solfège soit perçu comme quelque chose d’abstrait et de rébarbatif. Déjà que ce n’est pas évident à comprendre parce que c’est de la théorie, si en plus on coupe tout lien avec la pratique, ba là ça devient mission impossible. Pour vous donner une image, c’est comme si vous faisiez un cours de photographie, mais que pendant ce cours, vous n’étudiez que le mode d’emploi de votre appareil photo. Super.

Enfin, les dernières critiques qu’on peut entendre concernant les institutions musicales sont celles à l’encontre des enseignants. Pour caricaturer, on entend souvent que les profs de solfège sont mous, ils sont blasés, ils ne donnent pas envie. Personnellement je pense que le problème est plus profond que ça et qu’il n’est pas inhérent à la personne. Alors bien sûr il y a toujours des mauvais profs (comme il y en a aussi d’excellents), mais si leur enseignement est souvent mal perçu, c’est parce qu’ils répètent un schéma bien ancré. Ils enseignent le solfège de la même manière qu’on leur a appris, c’est-à-dire en mode théorique. C’est le serpent qui se mord la queue.

Je souhaite quand même apporter une nuance sur tout ce que je viens de dire concernant cette partie sur l’enseignement du solfège dans les écoles. Je sais très bien qu’il y a des initiatives qui sont menées pour changer tout ça (d’ailleurs maintenant on ne parle plus de cours de solfège mais de formation musicale) et dans certaines écoles il y a même d’excellentes choses qui sont proposées. Mais de façon générale et en dépit de cette bonne volonté, ces problèmes continuent de subsister.

La raison à ça est simple : on a affaire à de grosses institutions qui de fait sont longues à réformer, alors que de l’autre côté le monde de la musique évolue très vite. Du coup un décalage se créé, et s’accentue d’année en année.

En fait, le système musical est à l’image du système scolaire classique. L’école telle qu’on la connait aujourd’hui a été mis en place pendant la révolution industrielle pour former les gens à devenir de bons ouvriers. Aujourd’hui elle repose toujours sur ce modèle alors qu’il est désuet, et malgré les réformes qui sont menées, le décalage persiste parce que le monde évolue beaucoup plus vite que l’école ne change.


III / Un problème de perception du solfège

Et enfin, le troisième et dernier point qui permet d’expliquer cette image négative du solfège, c’est un problème de perception. Aujourd’hui c’est ancré dans les mœurs que le solfège c’est chiant à apprendre. Donc même si vous n’en avez jamais fait de votre vie, la première chose que vous allez entendre à son sujet, c’est que c’est relou. Du coup qu’est ce qui va se passer ? A cause de cet apriori négatif vous allez entretenir ce qu’on appelle un biais de confirmation. C’est-à-dire qu’au moment où vous allez effectivement faire du solfège, plutôt que de vous forger un avis neutre sur la question, votre cerveau va surtout privilégier les faits qui vont permettre de confirmer votre hypothèse de départ (à savoir que c’est chiant).

Personnellement, c’est ce que j’appelle le syndrome de la philo. Parce qu’en arrivant au lycée, on sait qu’en terminale on va avoir des cours de philo. Et même si on n’en a jamais fait de notre vie, on sait à l’avance que ces cours seront incompréhensibles, qu’on aura une sale note au bac, et que notre prof sera perché. C’est le package. Et le pire c’est qu’à cause de cet apriori négatif, c’est souvent ce qui se passe.

Voilà les amis pour ces quelques pistes de réflexion concernant la question « Pourquoi est ce que le solfège c’est si chiant à apprendre ? ». N’hésitez pas à me donner votre avis dans les commentaires de la vidéo.


IV / Les solutions

Et plus que de poser un diagnostic sur la situation, ce qui peut être intéressant maintenant, c’est d’apporter des solutions à ces problèmes. Ma contribution personnelle à ça c’est mon petit guide « L’Essentiel du Solfège » que je vous invite à télécharger tout de suite si ce n’est pas encore fait. Il est totalement gratuit et vous trouverez son lien de téléchargement un peu partout sur le site.

C’est un guide qui explique pas à pas les bases du solfège, donc il vous permet d’avoir directement toutes les bonnes infos entre les mains. Il est destiné aux personnes qui ont envie de comprendre la musique dans le but de se faire plaisir. Et surtout pour chaque notion théorique présentée, j’explique directement son utilité pratique afin de rendre ça beaucoup concret et compréhensible. Donc rendez-moi service : ne tombez pas dans le piège des aprioris et soyez de bons sceptiques. Lisez d’abord le guide, appliquez, et seulement après, forgez-vous votre opinion sur le solfège.

Voilà les amis, si mon contenu vous a plus, n’hésitez pas à liker la vidéo et à vous abonner à la chaîne Youtube de Composer sa Musique. Quant à moi je vous dis à très bientôt pour de nouvelles vidéos. Ciao.

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Une réponse

  1. Je suis encore débutant/intermédiaire comme on dit, mais je me rend bien compte que retranscrire quelques accords, une mélodie, une idée sur des tablatures est bien plus chiant et fastidieux qu’avec le peu de connaissance que j’ai en solfège, en tous cas pour ce qui est des notes, gammes, accords. Oui, pour le rythme, je patauge encore grave dans la semoule mais ça viendra. Dans tous les cas, merci de partager tes connaissances.
    Fabrice

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