Faut-il apprendre le solfège pour faire de la musique ? – Brève Musicale #1

Faut-il obligatoirement apprendre le solfège pour faire de la musique ? Ou peut-on s’en passer ? Quels sont les avantages et les inconvénients à apprendre le solfège ? C’est ce que nous allons voir au sein de ce premier épisode de l’émission « Brève Musicale« .

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Retranscription texte de la vidéo

Salut les amis, ici Alex du site « Composer sa Musique.fr, le site qui rend accessible à tous le solfège, la compo et le home studio. Aujourd’hui je vous accueille pour ce premier épisode de l’émission « Brève Musicale » dans lequel on va tenter de répondre à la question:

« Est-ce qu’il faut absolument connaître le solfège pour faire de la musique ? ».

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous explique vite fait le concept de l’émission « Brève musicale », puisqu’il s’agit ici du premier épisode. Brève musicale, c’est une émission qui va se tenir sur cette chaîne Youtube et comme son nom l’indique, le principe c’est que je réponde de façon concise à une question précise en rapport avec la musique. En fait avec le blog je reçois toujours plein de questions de lecteurs, et à chaque fois j’essaie de faire mon maximum pour y répondre. Mais certaines fois, les réponses à apporter à ces différentes questions sont trop courtes pour que j’en fasse des articles spécifiques. D’où l’idée de créer cette émission parce que je tenais quand même à répondre à ces différentes questions, et là au moins avec ce format vidéo en face caméra je vais pouvoir le faire.

Et donc pour ce premier épisode, on va s’attaquer à du lourd puisque la question de l’apprentissage ou non du solfège fait grandement débat parmi les musiciens. D’un côté, on a ceux qui ne jurent que par le solfège, et de l’autre on a ceux qui disent qu’il est parfaitement possible de s’en passer. Alors qu’est-ce qu’il en est réellement ? Pour répondre à cette question, je vous propose d’abord qu’on passe un peu en revue les arguments des deux camps.

I / Les arguments des anti solfège

Pour commencer, on va s’intéresser aux arguments de ceux qui disent qu’il est possible de se passer du solfège. Leur premier argument est très simple : ils disent qu’en soi, il est tout à fait possible de faire de la musique, sans rien y connaître en musique. Par exemple, on peut très bien apprendre un instrument grâce à des tutos vidéo ou à l’oreille, on peut composer et improviser en se basant uniquement sur son feeling etc.

Dans plein d’autres activités c’est impossible. Par exemple, vous ne pourrez jamais jouer aux échecs ou au foot, si vous ne connaissez pas les règles au préalable. Mais en musique c’est possible. Pourquoi ? Parce que contrairement à ces activités-là, les règles qui régissent la musique n’ont pas été définies à fortiori de l’activité mais à postériori. C’est-à-dire que les gens ont d’abord commencé à faire de la musique, et c’est seulement après qu’on a théorisé tout ça. Donc le solfège est postérieur à la musique et ça c’est un autre argument qui est souvent cité par la team « no solfège ».

Un autre argument qui est souvent mis en avant, c’est que de nombreux musiciens très connus, comme par exemple Jimi Hendrix ou Kurt Cobain, n’ont jamais appris le solfège. Donc pourquoi s’embêter à l’apprendre soi-même, si même les plus grands ont pu s’en passer ? Surtout qu’on ne va pas se mentir, pour la très grande majorité des gens, le solfège c’est franchement relou à apprendre.
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Et enfin, il y en a même qui poussent la réflexion plus loin et qui affirment qu’apprendre le solfège serait nuisible à leur pratique de la musique. Parce que la musique c’est quelque chose qui est par définition très personnel, presque sacré, du coup selon eux, on ne peut pas la résumer à des règles. Et si jamais on suit trop ces règles, au final on produit une musique trop conventionnelle, ce qui est un frein à la créativité.

II / Les arguments des pro solfège

Et de l’autre côté, on a les pros solfège. Pour eux, il est indispensable d’apprendre le solfège quand on fait de la musique. Pourquoi ? Déjà parce qu’apprendre le solfège, c’est apprendre la langue de la musique. Et ça, ça a plein d’avantages. Déjà vous serez en mesure de lire des partitions. Donc grâce à ça, vous aurez accès à des millions d’œuvres et pour apprendre un morceau aussi ce sera plus simple car vous aurez sa transcription exacte. Ensuite vous serez capable d’écrire la musique, donc ça vous aidera à retranscrire plus facilement vos idées musicales. Et enfin, avec la langue de la musique vous partagerez un langage commun avec les autres musiciens. Donc derrière ce sera beaucoup plus facile pour leur faire comprendre vos intentions musicales et pour comprendre les leurs.

Connaître le solfège, c’est aussi connaître les mécanismes qui régissent la musique. Et inutile de vous dire qu’une fois que vous avez compris comment ça marche, tout devient beaucoup plus simple. Par exemple s’il y a une musique que vous aimez bien, vous serez en mesure de l’analyser et de comprendre pourquoi vous l’aimez. En composition et en improvisation ça vous sera aussi très utile. Parce que plutôt que de tâtonner au hasard, vous saurez exactement quoi faire et quoi jouer.

III / Verdict: Faut-il apprendre le solfège pour faire de la musique ?

Voilà, donc vous voyez, il y a des arguments solides des deux côtés. Alors du coup qui a raison ? Eh ben un peu les deux. Comme souvent, tout n’est pas noir ou blanc. Et justement, personnellement ce que je trouve dommage, c’est qu’on oppose toujours ces deux visions, comme si on devait forcément appartenir à un camp plutôt qu’un autre et qu’il n’était pas possible d’avoir une vision un peu plus nuancée.

Personnellement, je considère qu’effectivement, il est tout à fait possible de commencer à faire de la musique sans connaître le solfège. Et j’irai même plus loin en affirmant qu’il peut même y avoir des avantages avec cette approche.

Le premier avantage de cette approche, c’est que ça vous permet de kiffer tout de suite. Vous êtes juste dans le plaisir de faire de la musique donc c’est hyper motivant d’apprendre comme ça. Et justement, j’ai constaté que malheureusement, trop souvent dans les conservatoires, avec leur manière très scolaire d’enseigner le solfège, les personnes peuvent être vite privées de cette dimension du kiff de la musique, et au final ça les dégoûte complétement.
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Le second avantage, c’est qu’en mettant tout de suite un pied à l’étrier, vous accédez plus facilement à des activités « plus avancées » comme l’improvisation et la composition. Je m’explique : j’ai remarqué que ceux qui avaient déjà un petit bagage musical avait tendance à plus tergiverser. Par exemple sur le blog je lis très souvent des personnes qui me disent « Bah non je ne peux pas composer, d’abord il faut que je sois meilleur musicien, ensuite il faut que je maîtrise tout le solfège, et après je dois connaître l’harmonie etc. » (Voir mon article « 4 préjugés sur la composition qui vous empêchent d’avancer« ). Alors que ceux qui ne connaissent pas le solfège, ils s’en foutent. Pour eux c’est du pareil au même donc s’ils ont envie de composer, ils composent. Et au final, comme ils commencent directement ça leur fait gagner beaucoup de temps.

Et enfin, le dernier avantage de cette approche intuitive de la musique, c’est que ça va développer votre oreille musicale (et vous savez combien c’est important), mais aussi ce que j’appelle personnellement votre « filtre musical ». Le filtre musical c’est quoi ? C’est quelque chose qui est très important en composition et en improvisation. Parce que si vous composez ou si vous improvisez sans rien y connaître, au final la seule chose qui va guider vos choix, c’est votre feeling. Et justement ce muscle-là, cette capacité à dire « ah, ça j’aime bien comme sonorité » ou au contraire « ah ça j’aime moins je vais partir sur autre chose » c’est votre filtre.

Le truc, c’est que j’ai remarqué que la team solfège avait parfois tendance à trop délaisser ce filtre au profit de la théorie pure. Par exemple, j’ai régulièrement des élèves de mes formations qui me demandent « est ce que j’ai le droit d’utiliser cet accord ? Est-ce que ça, ça se fait ou pas ? » Et à chaque fois je leur réponds la même chose : arrêtez de trop intellectualiser le truc, basez-vous sur ce que vous ressentez, c’est ça le plus important.

Voilà, donc pour résumer : il est possible de commencer la musique sans apprendre le solfège, et cette approche peut même contenir des avantages. Pour autant, est ce que vous êtes forcément obligé de délaisser le solfège au début pour pouvoir bénéficier de ces avantages ? Non pas du tout. Vous pouvez très bien apprendre le solfège directement, et quand même bénéficier de ces avantages. Mais pour ça, il faut quand même faire attention à avoir bien conscience des écueils dans lesquels peuvent tomber ceux qui apprennent le solfège tout de suite. Donc je récapitule :

  • N’oubliez jamais la dimension « kiff » de la musique
  • Commencez tout de suite à composer et à improviser si vous en avez envie
  • Pensez à bien développer votre oreille et votre filtre musical

Donc voilà, là on vient de traiter la question « Est-ce qu’il faut commencer à apprendre tout de suite le solfège lorsqu’on fait de la musique ? ». Maintenant on va passer à la question : « Est-ce qu’il faut apprendre le solfège de façon générale pour faire de la musique ? ». Là, je réponds de façon beaucoup plus concise : oui.

A un moment donné de votre vie de musicien il va quand même falloir vous y mettre. Alors bien sûr, comme je l’ai dit précédemment, dans l’absolu vous pouvez toujours faire sans. Mais sincèrement vous aurez tort de vous en priver. Parce que renoncer au solfège, c’est renoncer à tous les avantages qu’il offre. (Avantages que j’ai présentés tout à l’heure). Et franchement toutes ces compétences-là, une fois que vous les avez, ça fait une immense différence dans votre pratique de la musique. N’oubliez jamais que s’il y a des types qui se sont donnés du mal pour théoriser tout ça, ce n’est pas rien. C’est pour vous aider.

Et oui c’est vrai, certaines personnes peuvent y arriver sans solfège, mais pour elles ce sera un chemin qui sera beaucoup plus long et beaucoup plus difficile. Vous avez des outils qui sont littéralement faits pour vous aider. Pourquoi vous en priver ? Pour vous donner une comparaison, c’est exactement comme avec le rubik’s cube. Vous pouvez très bien réussir à le résoudre en tâtonnant, mais si vous connaissez la logique (c’est-à-dire les algorithmes), ce sera beaucoup plus simple et beaucoup plus rapide. Ben voilà le solfège c’est ça : en connaissant la logique de la musique, vous pourrez en faire de manière beaucoup plus rapide et efficace.

Qui plus est, quand on dit qu’une personne a réussi sans connaître le solfège, souvent c’est quand même relatif. Parce que même si elle n’a pas une éducation complète, elle a quand même quelques notions. Par exemple Jimi Hendrix connaissait les gammes pentatoniques. Et si ce n’est pas elle qui a les notions directement, souvent c’est quelqu’un de son entourage. Si on prend l’exemple des Beatles, même si Lennon et Mccartney fonctionnaient plus à l’instinct, leur producteur George Martin lui il avait un immense bagage musical. Et son influence dans leur musique a été tellement grande, qu’on le qualifie même aujourd’hui de cinquième Beatles.
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Et enfin, ceux qui affirment que le solfège serait plus nuisible qu’autre chose et que du coup il vaudrait mieux s’en passer, là je suis désolé mais c’est une connerie sans non. Pour la question du « « le solfège tue la créativité » je vous invite à voir mon épisode de Brève Musicale sur la question en cliquant ici car il y a beaucoup de choses à dire dessus. Mais de façon générale, ce n’est pas parce qu’il peut y avoir des écueils à apprendre le solfège, qu’il vaut mieux ne pas l’apprendre du tout. Surtout que comme on l’a vu, à partir du moment où vous avez conscience de ces écueils, il est facile de les éviter.

Pour vous donner une comparaison, ce raisonnement c’est un peu comme si vous me disiez « c’est mieux que je n’apprenne pas du tout de langues étrangères, parce que si j’en apprends c’est possible je me mélange au niveau du vocabulaire. » Bah oui, c’est un risque mais sur le long terme vous serez toujours beaucoup plus gagnant à apprendre de nouvelles langues qu’à ne pas en apprendre. Pour le solfège c’est la même chose : sur le long terme vous serez toujours beaucoup plus gagnant à l’apprendre qu’à ne pas l’apprendre. Donc à partir de là, comme dirait notre ami JP : « la question elle est vite répondue ».

Conclusion

Pour conclure cette vidéo, je dirais qu’au final ce qui gêne les gens, ce n’est pas tant le solfège en soi. C’est plutôt le fait de l’apprendre. Parce que si vous avez une baguette magique et que vous allez voir des musiciens en leur disant : « Gros avec ça instantanément tu connais du tout solfège. T’es chaud ou pas ? » Ils ne vont pas vous dire : « non-mec, tu sais j’ai peur que ça bride ma créativité », ils vont te dire « vas-y, vas-y envoie ! ». Ce qui prouve bien que la majorité des gens sont convaincus du bien-fondé du solfège.

Donc en fait la vraie question qui se cache derrière : « Est-ce qu’il est vraiment nécessaire d’apprendre le solfège ?», ce n’est pas : « Est-ce que le solfège c’est vraiment utile ou pas ? », c’est plutôt : « Est-ce que ça vaut vraiment le coup que je m’embête à apprendre ce truc relou ? ». Eh ben grâce à cette vidéo, vous savez que la réponse à cette question est : Oui ça vaut le coup, et en plus de ça la bonne nouvelle dans l’histoire c’est que le solfège ça peut être fun à apprendre. Pour vous le prouver, je vous invite à télécharger tout de suite mon petit guide gratuit « L’Essentiel du Solfège » qui vous donnera toutes les bases de la discipline. Vous trouverez son lien de téléchargement un peu partout sur le site.

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13 Responses

  1. Bonjour Alex
    je voudrai témoigner pour inciter ceux qui pourraient hésiter à s’inscrire à la formation Solfège Pratique.
    J’ai « appris » tout seul la guitare il y a très longtemps. Je commençai à me débrouiller. Mais arrivé au niveau de « bon gratteur », je n’ai plus progressé. J’ai découvert intuitivement une gamme pentatonique sans avoir de notion ni de gamme ni de pentatonique. C’est bien plus tard que j’ai mettre un nom sur cette gamme. J’ai repris bien plus tard la musique en Ecole de Musique pour faire de la clarinette. J’y ai appris le solfège mais c’était plutôt une corvée. Plaisante, mais corvée quand même. Mais à partir du moment ou j’ai commencé « Compositeur autonome » avec Alex, j’ai vraiment pris du plaisir à faire du solfège. Et cela a boosté ma créativité, ou plutôt, l’a débloquée. Avec « Solfège » pratique » que j’ai suivi ensuite par pur plaisir, j’ai pu commencer à composer et à écrire (difficilement je dois dire) mes compositions. Donc si vous avez l’ambition d’aller plus loin dans votre découverte de la musique et de devenir autre chose qu’un musicos tablature-dépendant, inscrivez-vous à « Solfège Pratique ».
    Je fais ma déclaration publique d’intérêt et vous signale que je ne touche aucun subside de la part d’Alex !

    1. Merci infiniment pour ce témoignage spontané Georges ! Je suis ravi si la formation Solfège Pratique a pu t’aider à mieux comprendre la musique. 🙂
      (Sinon pour le chèque c’est à quel ordre déjà ?). 😀

  2. Bonjour Alex,
    Je rejoins tout à fait Georges. Moi j’ai appris le piano et d’autre instruments, avec du solfège d’école de musique. Ça ne m’a jamais emballé non plus. Comme je fais un peu de composition de musique de film je voulais reprendre les bases. Alors, là ,le solfège d’Alex ça n’a rien avoir avec ce qu’on a connu. La raison est simple, sa pédagogie est ludique, vivante . Chaque notion de solfège a tout de suite des exemples des applications pratiques, on voit tout de suite à quoi ça sert. comprendre la musique, comment elle se crée, comment on peut voyager dans ses règles, c’est très intérressant. Merci Alex.

  3. Bonjour Alex,
    Je t’entends souvent dire que l’apprentissage du solfège est ch…
    Mon expérience est complètement différente.
    Je suis choriste (depuis l’âge de 10 ans) et chef de chœur.
    Je suis né dans une famille musicienne, ma mère était une excellente pianiste. Je ne sais plus dire quand j’ai appris à lire la musique.
    J’ai eu la chance, pré-ado, de pouvoir étudier le solfège à l’école Martenot à Neuilly, avec M. Martenot (de 1972 à 1974). Nous étions un petit groupe de 5 ou 6 élèves, et j’attendais à chaque fois avec impatience le cours de solfège, tellement la méthode de M. Martenot était ludique et en même temps très efficace. La façon dont je lis la musique aujourd’hui, je la dois à M. Martenot.
    Comme quoi, avec la bonne méthode (et la bonne personne), on peut vraiment apprendre le solfège en s’amusant…

  4. Bonjour à tous

    Je ne suis pas habitué à faire des commentaires en ligne mais je suis inscrit à la formation Solfège d’Alex et je trouve cette formation vraiment sensationnelle: clarté des explications , pédagogie progressive , fun dans les vidéos mais exos pratiques mais qui ne prennent pas la tête. Ce qui compte et ce qui m’a aidé c’est la régularité et moi qui ne connaissais rien en solfège et qui n’avait pas une bonne image de cette discipline, je me rends compte que je progresse dans mon apprentissage du piano.
    Bon c’est juste parce que je suis enthousiaste de ce que je reçois dans cette formation que je me permets d’appuyer les commentaires précédents. Alex a un vrai talent de pédagogue et il est cool dans ses vidéos comme dans celle là. Merci encore Alex !

  5. L’apprentissage du solfège est obligatoire au conservatoire, quel que soit l’instrument de musique que vous comptez pratiquer. Il n’y a pas d’échappatoire possible. Cela fait partie des connaissances nécessaires pour passer d’un niveau à l’autre. Par conséquent, un musicien formé au conservatoire ne peut s’y soustraire, et cela semble parfaitement naturel. Cependant, la connaissance du solfège n’est pas une obligation dans le monde de la musique. De nombreux artistes n’ont aucune connaissance de la théorie musicale et n’ont jamais fréquenté une école de musique.

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