Wordpainting: lorsque la musique et les paroles ne font qu’un

Le wordpainting, c’est lorsque la musique reflète littéralement ce qui est en train d’être exprimé dans les paroles. (Par exemple, la musique s’arrête lorsque l’artiste prononce le mot « stop »). Dans cette vidéo, retrouvez 27 exemples d’utilisations de cette technique qui est très utile pour lier efficacement paroles et musique.

Introduction

On dit de la musique qu’elle est le langage universel. Pas besoin de mots, ni de phrases pour qu’elle puisse parler au monde entier.

Pourtant, c’est quand même souvent à travers les mots que les artistes véhiculent leur message. Les paroles de leur chanson, sont les messagers de leurs émotions.

Du coup, comment être sûr de bien concilier les deux ? Comment faire pour que la musique porte les paroles, et que les paroles reflètent la musique ? En d’autres termes, comment réussir à fusionner mots et mélodie, pour créer un seul et même message ?

Eh ben pour ça, il existe une technique très efficace qui s’appelle le wordpainting et c’est justement ce dont on va parler aujourd’hui.

I / Qu’est ce que le wordpainting ?

Alors le « word painting », qu’est-ce que c’est ? Déjà on pourrait traduire cette expression par « peindre avec les mots » (même si en français le terme exact c’est « figuralisme »), et en gros c’est lorsque la musique reflète littéralement ce qui est en train d’être exprimé dans les paroles.

II / Wordpainting au niveau du rythme

L’exemple le plus connu de word painting, c’est lorsque la chanson s’arrête au moment où l’artiste prononce le mot « stop ».

Vous pouvez entendre cet effet dans les morceaux:

  • Bruno Mars- Uptown Funk
  • MC Hammer – U cant touch this
  • Brittney Spears – Lucky
  • Beyoncé – Love on top

Un autre exemple très connu de word painting que je peux vous donner, c’est la chanson Despacito de Luis Fonsi. En espagnol, Despacito ça veut dire « lentement ». Et je vous le mets dans le mille, dès qu’il prononce ce mot, le tempo du morceau ralenti.

III / Wordpainting au niveau de la mélodie

Jusqu’à maintenant on a vu des exemples de word painting qui se situaient au niveau du rythme de la chanson (soit elle s’arrête, soit elle ralentie), mais vous pouvez aussi en retrouver au niveau de sa mélodie.

Par exemple lorsque le chanteur prononce le mot « high » qui veut dire haut, en même temps il va chanter une note qui se situe dans les aigus.

Vous pouvez entendre cet effet dans les morceaux:

  • Radiohead – High and Dry
  • James Blunt – High
  • Elton John – Rocket Man
  • Blur – She’s so High

Et bien sûr si on peut aller dans les aigus, on peut aussi aller dans les graves. Il est très courant d’entendre une note grave jouée sur les mots « low » ou « down » qui veulent dire bas.

  • David Bowie – Ashes to Ashes
  • Nirvana – Smells Like Teen Spirit « Hello, hello, hello, how low »
  • Marian Hill – Down
  • Electric orchestra – Don’t Bring me Down

On peut aussi combiner les aigues et les graves pour encore plus d’effet :

  • Beartooth – In Between
  • Rick Astley – Never Gonna Give You Up

IV / Wordpainting au niveau des accords

Mais personnellement, les word painting que je préfère, c’est ceux qui se situent au niveau de la progression d’accords du morceau, parce que c’est tout de suite un peu plus subtil.

Par exemple dans la chanson ABC des Jackson Five, au moment où Michael prononce les trois lettres dans le refrain, on a les accords correspondants qui sont joués en même temps.

Dans la notation anglo saxonne de la musique A ça correspond à La, et à ce moment-là on a un accord de Lab Majeur qui est joué, B ça correspond à Si, et à ce moment précis on a l’accord Sib Mineur 7 qui est joué, et C ça correspond à Do et dessus on a l’accord de Lab Majeur base Do qui est joué.

Autre exemple, dans la chanson de Cole Porter, « Everytime we say Goodbye », lorsqu’il prononce la phrase « from major to minor », on passe d’un accord majeur à un accord mineur.

Mais l’exemple le plus connu de word painting au niveau des accords c’est sans aucun doute celui de la chanson Hallelujah de Jeff Buckley (ou Leonard Cohen).

Si on zoom sur les paroles ça dit « Well it goes like this the fourth, the fifth, The minor fall and the major lift » qu’on pourrait traduire par « Ça fait un peu comme cela, la quarte, la quinte, l’accord mineur tombe et l’accord majeur s’élève ».

La chanson est en tonalité de Do Majeur. En Do Majeur, l’accord de degré IV c’est Fa Majeur. Et à votre avis quel accord est-ce qu’il emploie au moment où il prononce « the fourth » ? Bah ouais, l’accord de Fa Majeur. En Do Majeur l’accord de degré V c’est Sol Majeur, donc forcément c’est celui qu’il utilise sur « the fifth », et ensuite sur « The Minor fall » on a un accord mineur et sur « The Major lift » un accord majeur.

En composition, il y a une technique qui est assez connue qui s’appelle « la modulation ». Ça consiste à changer de tonalité au cours du morceau pour lui apporter une atmosphère légèrement différente. D’ailleurs à ce sujet, petite pause. j’ai fait tout une vidéo sur le sujet, donc n’hésitez pas à aller la checker en cliquant ici.

Du coup quand Alex Turner prononce les mots « Key Changes » (qui veulent dire changement de tonalité) dans son morceau « She looks like fun », qu’est ce qui se passe ? Ben oui, une modulation.

Le morceau passe de la tonalité de Sol Majeur à celle de La Majeur.

V / Wordpainting au niveau de l’instrumentation

Est-ce que vous voulez des exemples de wordpainting encore plus subtiles ? Ok donc après avoir vu qu’on pouvait en faire au niveau du rythme, de la mélodie et des accords, on va se pencher sur les wordpaintings qui passent en arrière-plan de la chanson, au niveau de son instrumentation.

On va commencer gentiment avec les Beatles. Dans la chanson « Rocky Racoon », lorsque Paul chante « He drew first and shot », après le mot « shot » qui veut dire tirer, on entend Ringo qui imite le bruit d’un tir de pistolet avec sa batterie.

Toujours avec les Beatles, dans la chanson « She’s leaving home », après qu’ils aient chanté la phrase « She goes down the stairs to the kitchen », (elle descend à la cuisine), on entend les violons qui jouent une descente de notes pour illustrer cette idée.

Dans la même veine, lorsque Freddy chante « Shivers down my spine » (des frissons me parcourent le dos) dans Bohemian Rhapsody on entend une sorte de carillon en arrière-plan qui retranscrit parfaitement cette sensation.

Mais je pense que mon word painting préféré au niveau de l’instrumentation, c’est celui des Doors dans « Riders on the Storm ». Ray Manzarek le claviériste du groupe, a composé spécifiquement la partie clavier dans le but d’imiter la pluie.

VI / Wordpainting au niveau des effets sonores

Bref, comme vous pouvez le constater, des exemples de word painting il y en a littéralement des tonnes, et encore je ne vous ai même pas parlé de ceux qu’on retrouve au niveau des effets sonores. Bon aller, je vous en donne quand même quelques-uns :

  • Queen – Killer Queen « Laser Beam »
  • Billie Ellish – Everythink I wanted « Underwater »
  • Kesha – Tiktok « Trayna get a little bit tipsy »

Conclusion

La seule limite, c’est vraiment votre imagination. Du coup pour conclure le conseil que je pourrais vous donner c’est : une fois que vous avez terminé votre composition posez-vous, et demandez-vous si ce n’est possible de lui incorporer un peu de word painting.  Comme le dit l’adage, une image vaut mieux que mille mots, donc autant laisser les mots peindre cette image.

Aller juste un tout petit dernier dans la route (à croire que je n’ai pas envie que cette vidéo s’arrête) : dans Don’t stop me Know de Queen, qu’on pourrait traduire par justement « ne m’arrêtez pas », effectivement la musique ne s’arrête jamais vraiment, parce que le morceau finit sur un fade out.


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