Le solfège tue la créativité ? – Brève Musicale #2

Le solfège tue la créativité ? – Brève Musicale #2

Est ce que connaître le solfège est un frein à la créativité ? Y’a t-il des dangers à apprendre le solfège ?

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Retranscription texte de la vidéo

Salut les amis, ici Alex de « Composer sa Musique.fr », le site qui rend accessible à tous le solfège, la compo et le home studio. Aujourd’hui dans ce deuxième épisode de « Brève Musicale », on va tenter de répondre à la question : « Est-ce que le fait de connaître le solfège nuit à la créativité ? »

Dans le premier épisode de Brève, que je vous invite à regarder si ce n’est pas encore fait, j’avais répondu à la question « Est-ce qu’il est indispensable ou non de connaître le solfège pour faire de la musique ? ». Et en gros j’avais dit qu’il y avait deux courants de pensée qui s’affrontaient : ceux qui estimaient que oui, et ceux qui disaient que non. Et parmi les « non », il y en a qui vont encore plus loin dans leur raisonnement et qui affirment qu’il peut même y avoir des dangers à apprendre le solfège. Et l’un de ces dangers serait justement que le solfège nuit à la créativité.

Pourquoi ils affirment ça ? Parce que connaître le solfège, c’est connaître les règles qui régissent la musique. Et du coup selon eux, si on est dans un processus de création, en connaissant ces règles on va avoir tendance à beaucoup plus se reposer dessus que sur son feeling. Et du coup à cause de ça, on va avoir tendance à produire une musique trop académique.

Alors est ce que c’est vrai ? Oui en partie. C’est vrai qu’il peut y avoir des personnes instruites au solfège, et qui à cause de ça vont avoir tendance à trop intellectualiser les choses. Elles vont occulter le côté « cœur » de la musique au profit du côté « tête », ce qui va les enfermer dans des schémas. Ça peut arriver. Mais de là à affirmer que c’est une vérité générale et que toutes les personnes qui apprennent le solfège sont condamnées à tomber dans cet écueil, c’est faux. Et c’est justement ce préjugé-là que je cherche à désamorcer dans cette vidéo.

En fait, ce qui me dérange le plus lorsque qu’une personne affirme que le solfège tue la créativité, c’est qu’elle va opposer ces deux notions (solfège et créativité) de façon binaire. Genre : il est possible d’être créatif seulement si on compose à l’instinct, et à l’inverse, à partir du moment où on commence à avoir des connaissances théoriques, on est condamné à produire des choses conventionnelles. Mais non. Ces deux notions ne sont pas forcément antagonistes. 

La première chose qui le prouve c’est que vous pouvez très bien composer quelque chose uniquement à l’instinct, et au final produire quelque chose de complétement basique. Par exemple, vous pouvez composer une suite d’accords à l’oreille, et au final tomber sur la suite I V vi IV des 4 accords magiques qui est vue et revue. (Je vous renvoie d’ailleurs à ma vidéo sur le sujet en cliquant ici. Elle a un peu vieilli, mais le fond reste toujours bon). Donc ce n’est pas parce que vous n’êtes pas en conscience des schémas, que vous ne tombez pas dedans pour autant.

La deuxième chose qui prouve qu’il n’y a pas de lien de causalité entre connaissances théoriques et créativité, c’est que les personnes dénuées de toute formation musicale, peuvent aussi au bout d’un moment manquer de créativité. Et dans la pratique, c’est justement quelque chose qu’on observe souvent. Pourquoi ? Parce que pour composer ces personnes-là s’appuient seulement sur leur ressenti. Et le truc, c’est qu’inconsciemment, on est toujours attiré vers des sonorités qui nous plaisent. Donc à termes, le risque c’est de toujours se diriger vers ces sonorités-là, et donc de produire toujours les mêmes choses.

Et c’est précisément là que le solfège peut être intéressant. Non seulement parce qu’il va vous permettre de conscientiser ce que vous faites, mais en plus parce qu’il va mettre en lumière de nouveaux chemins que vous pourriez emprunter. Par exemple, si vous avez l’impression que toutes vos suites d’accords se ressemblent, le solfège va vous aider à comprendre pourquoi (par exemple vous pouvez vous rendre compte que c’est parce que vous utilisez toujours les mêmes enchaînements de degrés), et en plus, il va vous présenter des outils qui vous aideront à surmonter ce problème. Par exemple, grâce à l’outil « renversement d’accords » ou grâce à l’outil « emprunt », vous pourrez apporter de l’originalité à votre suite. (C’est comme dans Yugioh, vous abattez votre carte piège pour vous sortir du pétrin).

En fait, il faut vraiment voir le solfège comme une immense boîte à outils qui est là pour vous aider dans toutes les étapes de votre processus de créationPlus vous avez d’outils à votre disposition, plus vous avez de possibilités, et plus vous pouvez être créatif. Pour vous donner une comparaison, c’est comme un danseur avec ses pas de danse. Car plus un danseur connait de pas, plus il a des possibilités pour s’exprimer, et plus il peut être créatif dans ses chorégraphies.
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Par contre, ce n’est pas parce que vous avez des outils en votre possession, que vous allez forcément en être dépendant. Et ça, c’est un amalgame qui est souvent fait par ceux qui considèrent que le solfège tue la créativité. Ils voient le solfège comme une activité de prescription, alors que ce n’est qu’une activité de description. Ce que je veux dire par là, c’est qu’ils pensent que le solfège va leur dire quoi faire. Genre : « dans cette situation tu dois obligatoirement utiliser tel outil, telle gamme, ou tu dois suivre telle règle ». Alors que non pas du tout, le solfège va juste leur dire « dans cette situation, voilà tout ce qu’il est possible de faire ». « Voilà les outils que tu peux utiliser ». Mais après, libre à vous de choisir parmi toutes ces possibilités celle qui vous plaît le plus, ou libre à vous de ne pas choisir l’une de ces possibilités et de faire autre chose. Tout est possible. Si je reprends mon exemple avec la danse, le danseur n’est jamais contraint dans le choix de ses pas. On ne va jamais lui dire, ok tu viens de faire une vague, donc maintenant tu dois enchaîner avec une coupole. Non, il fait ce qu’il veut. Ben voilà, avec le solfège c’est exactement pareil.

Donc pour récapituler : jusqu’à présent on a vu que le solfège n’était pas opposé à la créativité, on a vu qu’il pouvait aussi être à son service, et pour terminer cette vidéo, j’aimerais pousser le curseur un peu plus loin, et vous montrer que le solfège peut être la clé de la vraie créativité. Je vois d’ici votre regard incrédule, donc laissez-moi développer cette idée : comme vous le savez, le solfège c’est un ensemble d’outils au service de votre pratique de la musique. Et parmi tous ces outils, il y a l’outil « connaissance de l’harmonie » qui vous permet de comprendre comment sont construites les différents œuvres. Grâce à ça, vous serez en mesure de maîtriser les codes qui régissent le monde de la musique, ce qui vous permettra derrière de les outrepasser. Bah oui : comment voulez être vraiment créatif (c’est-à-dire proposer quelque chose en dehors des règles conventionnelles), si vous ne connaissez pas ces règles au préalable ?

Si vous prenez les personnes les plus créatives dans leur domaine respectif (que ce soit dans la musique, le cinéma, la littérature), c’est le chemin qu’elles ont emprunté. D’abord elles ont appris les bases, ça leur a permis de maîtriser les codes de leur discipline, et grâce à ça elles ont pu s’en affranchir pour créer leur propre style. Par exemple, avant de sortir leur premier album, les Beatles maitrisaient les bases du rock’n’roll. Ils ont été nourris par Elvis Presley et Chuck Berry. Tarantino a poncé tous les films de Kung fu avant de sortir Kill Bill.  Et Stephen King a énormément étudié Tolkien avant de publier ces premiers romans de fiction. Donc voilà : connaître le cadre de son activité, pour réussir à en sortir.

Voilà les amis, cet épisode de Brève Musical touche maintenant à sa fin, j’espère qu’il vous a plu. Si vous souhaitez commencer à apprendre le solfège, je vous invite à télécharger tout de suite mon guide gratuit « l’Essentiel du Solfège ». Il va vraiment vous donner toutes les bases de la discipline. (Vous trouverez son lien de téléchargement en cliquant ici). Comme d’habitude, le débat se poursuit dans les commentaires, donc n’hésitez pas à me dire si pour vous le solfège est un frein ou non à la créativité. Et bien entendu, je vous invite à liker la vidéo et à vous abonner à la chaîne « Composer sa Musique » si ce n’est pas encore fait. Sur ce les amis je vous dis ciao et à très bientôt pour de nouveaux articles.

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6 Responses

  1. Le problème je crois n’est pas de connaître ou de ne pas connaître les fondamentaux du solfège et même de l’harmonie. Leur efficacité n’est pas à prouver : combien de pseudo compositeurs sans talent peuvent faire des musiques de films, des albums entiers juste en exploitant les « ruses » qu’offre cette connaissance d’arrangeur pro.
    Connaître le solfège permet de mieux aborder l’instrument et l’harmonie.
    Personne n’oserait contester leur efficacité donc.
    S’il y a perte de créativité ? OUI bien entendu. Mais pas pour les mêmes raisons. L’apprentissage du solfège, la pratique « mécanique » d’un instrument (obligatoire pour en jouer convenablement) sont des processus en eux-mêmes destructeurs de créativité. Certains surpassent cette barrière mais cela crée un écrémage inutile et nous prive des créations qu’auraient pu apporter ceux qui ont échoué. Soit par manque d’assiduité, soit parce que l’apprentissage du solfège et de l’instrument sont un paradoxe pour l’artiste. L’artiste est libre, le musicien entraîné est un esclave enchaîné à des heures d’entrainement. La mentalité nécessaire pour accepter et subir cet entrainement est parfaitement incompatible avec l’esprit de liberté du créateur.
    C’est ainsi qu’il existe des tonnes d’excellents musiciens classiques notamment parfaitement incapable de créer leur propre musique… Et quand ils le font c’est mécanique, sans âme.
    Il y a donc bien perte de créativité à se soumettre à l’apprentissage dur et mécanique, non pas à connaître le solfège, l’instrument, l’harmonie. Si on pouvait acquérir ces connaissances sans passer par cette forme d’apprentissage mécanique, stupide, contraignant, tout le monde aurait à y gagner car ce sont des connaissances bien entendu indispensables pour aller plus loin qu’une boucle de 8 notes…
    Tout le paradoxe est là, non dans les connaissances, mais dans leur acquisition qui réclame l’acceptation d’une servilité docile à l’opposé de l’attitude psychologique rebelle du « créateur ».
    Celui qui trouvera comment réconcilier ces deux monde (apprentissage mécanique / créativité) sera un génie qui libèrera des milliers, millions, de créateurs doués potentiels…

    1. Ce commentaire est dans l’erreur, la créativité on l’a ou on ne l’a pas et dire que l’apprentissage du solfège est au détriment de la créativité n’est que démagogie. Ce serait dire qu’apprendre à lire et écrire nous rendrait muet ou ans inspiration. Tous nous pouvons apprendre l’alphabet ou le solfège mais peu d’entre nous avons quelque chose à dire ou à composer. Nous ne pouvons être tous géniaux ou bien ce serait tellement banal que cela ne serait plus de l’art.

  2. Salut Alex,
    Belle démonstration !! 😉
    Tout cela « sonne juste » et ressemble à l’histoire de pas mal d’entre nous :
    – on débute en trouvant que c’est compliqué et/ou ne sert à rien,
    – ensuite on veut mettre au propre ses morceaux en écrivant des partos, ou même des tablatures, et là c’est juste un peu plus dur….,
    – alors on rencontre un type, (un copain en fait), qui joue dans un groupe et qui nous parle du II V I, que l’on l’écoute poliment sans trop comprendre… au moins au début…
    – et pour finir on rentre chez soi où l’on trouve qu’on a sans arrêt les mêmes suites d’accord ou au moins des tonalités qui se ressemblent trop, et on se traite de gros nul….
    – et nous vient alors l’envie irrésistible de varier tout ça…
    Heureusement le solfège et surtout l’harmonie sont de fabuleuses boites à outils !
    Yeeeesssss !

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