Tout savoir sur la mesure en musique (et la structure rythmique)

Tous les morceaux de musique sont découpés de façon égale en plusieurs petites parties que l’on appelle « mesures ». Il existe différentes façons de diviser un morceau en plusieurs mesures, et dans cet article nous allons voir lesquelles.

I / Qu’est-ce que la mesure en musique ?

1) Des petits groupes de notes

Si on jette un coup d’œil sur une partition, qu’est-ce qu’on remarque ?

On remarque des notes de valeurs différentes inscrites sur la portée. Mais si on regarde d’encore plus près, on voit que ces notes sont séparées par des traits verticaux traversant perpendiculairement la portée.

Ces traits, ce sont des « barres de mesures » et les groupes de notes qu’ils forment en séparant la portée, c’est justement ce qu’on appelle des « mesures ».

2) Des petits groupes de notes de même durée

Les barres de mesure ne sont pas placées n’importe comment. En musique, il y a un grand principe qui dit que le chanteur est toujours celui qui a le plus de succès avec les filles chaque mesure doit être égale, c’est-à-dire qu’elles doivent comporter le même nombre de temps.

Si on reprend notre extrait précédent, en additionnant les rythmes on voit qu’effectivement chaque mesure contient 4 temps. (Pour en savoir plus sur la valeur des différents rythmes, je vous renvoie à mon article sur le sujet : « La valeur des rythmes »).

En définitive, la mesure est donc une division du morceau en parties égales de même durée.

II / A quoi sert la mesure en musique ?

1) Structurer le discours musical

Alors pourquoi est-ce qu’on a besoin de diviser comme ça le morceau en plusieurs parties ? C’est très simple : ça permet de le structurer.

C’est exactement comme pour un texte : pour le rendre plus lisible, on divise ses phrases en plusieurs paragraphes. Eh bien ici c’est la même chose : pour rendre le discours musical plus clair, on divise la portée en plusieurs mesures.

2) Définir la structure rythmique du morceau

La mesure va faire plus que structurer le morceau : elle va lui donner une identité.

En effet, il existe plusieurs façons de diviser un morceau en plusieurs mesures, et selon la façon choisie, la structure rythmique du morceau (et donc par extension sa sonorité) ne sera pas la même.

Et justement, quelles sont ces différentes façons de structurer rythmiquement un morceau ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.

III / Les différents types de mesures

1) Les 3 caractéristiques de la mesure

Tout d’abord, il faut que vous sachiez qu’une mesure est définie par 3 choses :

  1. Le nombre de temps qu’elle contient
  2. L’unité de temps du morceau
  3. La structure des temps du morceau

Pour chacune de ces 3 caractéristiques il existe plusieurs possibilités, mais c’est la combinaison précise des 3 possibilités choisies qui fondent la mesure, et donc la structure rythmique du morceau (et cela a une influence sur sa sonorité comme on l’a vu précédemment).

Pour que cette partie soit encore plus explicite, je vais vous la réexpliquer en faisant un parallèle avec la gastronomie. (Parce que c’est bien connu, les choses deviennent tout de suite beaucoup plus claires dès que l’on parle de bouffe). ^^

On a vu que la mesure était constituée de 3 éléments : le nombre de temps, l’unité de temps et la structure des temps. On peut comparer ça à un menu, car lui aussi est composé de 3 éléments : l’entrée, le plat et le dessert.

Pour chacune des caractéristiques de la mesure, il existe plusieurs possibilités mais c’est la combinaison précise des 3 possibilités choisies qui fondent la structure rythmique du morceau. Dans un menu, on a le choix entre plusieurs entrées, plusieurs plats et plusieurs desserts mais c’est la combinaison précise de l’entrée, du plat, et du dessert choisi qui créé le menu.

Enfin pour terminer, on a vu qu’en fonction de la structure rythmique du morceau, ce dernier n’avait pas la même sonorité. De la même façon, en fonction du menu que vous aurez choisi, votre repas n’aura pas la même saveur.

Ce n’est pas la même chose de manger un œuf cocote en entrée, un welsh en plat et un fondant chocolat cœur spéculos en dessert (oui je viens du Nord^^) qu’une salade de chèvre chaud avec un tournedos et un cheesecake.

Voilà, c’est tout de suite beaucoup plus clair non ? 🙂 D’ailleurs, si vous souhaitez avoir l’intégralité du solfège expliqué comme ici de façon simple (et avec de nombreuses métaphores culinaires sponsorisées par Philippe Etchebest), je vous invite à suivre ma formation en ligne Solfège Pratique.
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Maintenant que vous avez compris la logique des choses, je vous propose que l’on revienne en détail sur chaque caractéristique de la mesure. Comme ça, vous verrez toutes les façons qui existent de structurer rythmiquement un morceau.

2) Zoom sur les caractéristiques de la mesure

a) Le nombre de temps

Tout à l’heure, on a vu que chaque mesure devait comporter le même nombre de temps. Mais il n’existe aucune règle qui spécifie le nombre de temps exact que doit contenir chaque mesure.

A partir de là, on en déduit qu’il existe plusieurs manières de découper le morceau de façon à ce que chaque mesure contienne le même nombre de temps.

Il en existe principalement trois :

  • Une découpe par paquets de deux : c’est-à-dire que le morceau va contenir deux temps par mesure
  • Une découpe par paquets de trois : le morceau va contenir trois temps par mesure
  • Et une découpe par paquets de quatre : le morceau va contenir quatre temps par mesure

Tout à l’heure, on a vu un exemple où le morceau était découpé en mesures à 4 temps. Mais si vous voulez un exemple de morceau découpé en mesures à 3 temps, vous pouvez prendre la chanson « Lucy in the Sky with Diamonds » des Beatles.

Et vous l’aurez deviné, en fonction du nombre de temps que contient la mesure, chaque morceau ne sonnera pas de la même façon.

Note : Il existe aussi ce qu’on appelle les morceaux à « mesures asymétriques », c’est-à-dire des morceaux composés de « combo de mesures ».

Par exemple, les morceaux à 5 temps sont en fait des morceaux à 3+2 temps et les morceaux à 7 temps sont en fait des morceaux à 4+3 temps. Mais pour des raisons de simplicité, je ne les aborderai pas dans cet article. (Sachez simplement qu’ils existent). 😉

b) L’unité de temps

Qu’est-ce que l’unité de temps du morceau ? C’est la figure de note qui a été choisie pour être égale à 1 temps.

Je m’explique : en musique les rythmes n’ont pas de valeur absolue fixe. Par exemple, on ne peut pas affirmer que la noire vaut 1 temps car dans certains morceaux ce ne sera pas le cas. (Il y a par exemple des morceaux où la noire vaut 2 temps). 😉

La seule chose qui reste immuable au niveau des rythmes, c’est leur valeur relative. C’est-à-dire combien de temps est ce qu’ils valent les uns par rapport aux autres.

Cette valeur relative est la suivante : une ronde vaut deux blanches, qui vaut elle-même deux noires, qui vaut elle-même deux croches, et qui vaut elle-même deux doubles croches.

Et justement, ce qui permet de définir la valeur absolue des rythmes le temps d’un morceau, c’est l’unité de temps. Avec l’unité de temps, on choisit la figure de note qui sera égale à 1 temps au sein du morceau. A partir de là, puisque la valeur relative des différentes figures de notes est toujours la même, on peut en déduire la valeur absolue des autres figures de notes.

Par exemple, dans le morceau « Lucy in the Sky with Diamonds », c’est la noire qui a été choisie comme unité de temps. Dans ce morceau, puisque la noire vaut un temps, on en déduit donc que la blanche vaut 2 temps (car une blanche vaut deux noires), la ronde vaut 4 temps (car une ronde vaut deux blanches) etc.

Dans le morceau « Sarabande » de Haendel, c’est la blanche qui a été choisie comme unité de temps. Dans ce morceau, la blanche vaut donc 1 temps, la ronde 2 temps, la noire un demi-temps etc…

Et encore une fois, en fonction de l’unité de temps choisie, le morceau ne sonnera pas tout à fait de la même manière.

Donc pour résumer : Il est possible d’avoir des morceaux en 2, 3 ou 4 temps, et pour chacun de ces types de morceaux, il est possible de choisir différentes unités de temps.

c) La structure des temps

Et enfin, la dernière caractéristique de la mesure, c’est ce qu’on appelle « la structure des temps ». Peut-être que sous cette appellation ça ne vous dit pas grand-chose, mais si je vous parle de « morceau binaire » et de « morceau ternaire », ça devrait vous être un peu plus familier. 🙂

Qu’est-ce qu’un morceau binaire et qu’est-ce qu’un morceau ternaire ? Là encore, je ne vais pas développer cette notion outre mesure pour ne pas vous surcharger d’informations.

Pour l’instant, retenez juste qu’il existe deux grandes familles de morceaux : les morceaux binaires d’un côté et les morceaux ternaires de l’autre.

La différence entre ces deux familles se situe surtout au niveau du ressenti rythmique : les morceaux binaires ont tendance à sonner de façon très « carrée », alors que les morceaux ternaires ont un côté plus « swing ».

A quoi est due cette différence ? A leur unité de temps. Les morceaux binaires ont pour unité de temps une figure de note de valeur simple (comme par exemple la ronde, la blanche, la noire, la croche…). D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’on qualifie aussi les morceaux binaires de morceaux à mesures simples.

Par opposition, les morceaux ternaires ont pour unité de temps une figure de note de valeur composée, c’est-à-dire une figure de note pointée (comme par exemple la ronde pointée, la blanche pointée, la noire pointée, la croche pointée etc…). C’est pour cette raison que les morceaux ternaires sont aussi appelés morceaux à mesures composées.

3) Toutes les mesures existantes

Au final, si on résume toutes les possibilités de structures rythmiques qui existent, on a :

  • Les morceaux binaires d’un côté et les morceaux ternaires de l’autre
  • Pour les morceaux binaires et ternaires, il est possible d’avoir des morceaux en 2 temps, 3 temps ou 4 temps
  • Et pour chacun de ces types de morceaux, il est possible d’avoir différentes unités de temps (mais les unités de temps seront obligatoirement des figures de notes simples pour les morceaux binaires et des figures de notes composées pour les morceaux ternaires)

Schéma bilan : Les différentes possibilités de mesures

IV / Connaître la mesure choisie pour le morceau

Enfin pour terminer, comment savoir parmi toutes ces possibilités de structures rythmiques celle qui a été choisie pour le morceau ? Pour cela, on va se baser sur la signature rythmique, la petite fraction que l’on retrouve toujours en début de morceau après la clé.

C’est elle qui indique si le morceau est binaire ou ternaire, le nombre de temps que contient chaque mesure, et l’unité de temps du morceau.

Pour apprendre à déchiffrer facilement les différentes signatures rythmiques, je vous renvoie à mon article sur le sujet : « Comment déchiffrer une signature rythmique ? ».

Mais en guise de dessert (vous avez vu on reste toujours dans la métaphore culinaire), voici rien que pour vous mon schéma bilan complété avec les signatures rythmiques correspondantes à chaque type de découpe. :

Conclusion

Voilà les amis, la mesure ne devrait maintenant plus avoir aucun secret pour vous. 🙂 Je sais qu’il y a des éléments qui mériteraient d’être approfondis, mais j’ai fait le choix de rester succinct pour ne pas trop vous embrouiller.

Encore une fois, si vous voulez vraiment aller au fond des choses, ça se passe dans ma formation Solfège Pratique. De même, je sais qu’il peut être frustrant avec un article écrit de ne pas entendre concrètement la différence qui existe entre tel ou tel type de mesure.

Mais là encore, dans la formation Solfège Pratique il existe des vidéos qui vous feront entendre ces différences. Donc si vous souhaitez faire partie de l’aventure pour progresser significativement en solfège rien de plus simple : cliquez simplement sur le bouton ci-dessous.
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Si vous avez des questions n’hésitez pas à me les poser en commentaires, quant à moi il ne me reste plus qu’à manger un bon welsh avant de vous retrouver pour de nouveaux articles. 😉

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7 commentaires


  • Garry

    Wow !

    Génial le schéma bilan !
    La signature rythmique est bien plus claire pour moi à présent

    Simple question : pour le binaire 4 temps, ne faudrait-il pas plutôt marquer « 4 4 4 4 4″…?

    Merci à bientôt !

    Répondre

    • Alex

      Héhé content que l’article t’ait plu, je t’avoue que ça a été un vrai casse tête pour essayer de rendre toutes ces notions le plus clair possible. ^^ Ah oui bien vu ! C’est maintenant corrigé. 🙂

      Répondre

  • Delaunay

    Mais c’est super de reprendre oralement les cours de solfège….. j’étais à l’école de musique il y a 30 ans !
    Personnellement ce qui est difficile pour moi c’est le déchiffrage : le rythme lorsqu’il est complexe, jusqu’au double croches j’y arrive, après c’est difficile, et les appogiatures et le ternaire bien moins naturel que le binaire…..plus que les notes. Encore qu’au delà de la clé de fa et sol j’aurais besoin d’une révision !
    Merci pour tout votre travail !
    Aujourd’hui je sais transposer des partitions. Mais les écouter et les écrire c’est plus difficile rythmiquement.
    Bonnes vidéos !

    Répondre

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